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Hongrie, province qui a été longtemps considérée comme étant le lieu de son origine, alors qu’elle sévissait dans les états de l’Europe occidentale.

Déjà en 1808, Da-Olmi écrivait que, lorsqu’elle fit tant de ravages en Europe, dans les premières années du xviiie siècle, elle avait pris naissance en Perse, et dans ces derniers temps les recherches des vétérinaires russes et allemands nous ont appris que ce sont les steppes de la Russie, en Europe ou en Asie, qui la font se développer. Au point de vue de son origine, elle n’est pas sans analogie avec les grandes épidémies qui déciment l’espèce humaine. Elle naît dans les plaines baignées par le Dniester, le Dnieper, le Don, comme naissent la fièvre jaune sur le Mississipi, le choléra sur les bords du Gange et la peste sur le Nil ; si elle règne plus souvent en Hongrie que dans l’Europe occidentale, c’est que ce pays est plus rapproché des steppes où elle se produit, c’est que les bêtes à cornes conduites de la Russie en Autriche, en Italie, dans la Dalmatie, le traversent. Ces données doivent nous guider dans le choix dès moyens qu’il faut employer pour combattre la peste bovine. C’est en raison de cette considération que la question de son origine et de ses pérégrinations est intéressante, non-seulement au point de vue historique, mais au point de vue de l’utilité pratique.

Les auteurs qui nient l’origine exotique exclusive de l’épizootie reconnaissent eux-mêmes qu’elle se développe rarement dans nos pays. Après avoir fait remarquer que la guerre de sept ans nous avait valu l’épizootie de 1774, que la guerre de la France contre la Prusse en 1807 fut la cause de l’épizootie qui ravagea pendant deux ans une partie de l’Allemagne, que l’armée prussienne la porta en France en 1814, que les guerres de la Russie contre la Turquie la portèrent en 1826 et 1827 dans la Moldavie et la Valachie, Delafond ajoute : « il est donc incontestable que le typhus accompagne toujours les grandes années, qu’il marche à la suite des approvisionnemens, qu’il est toujours parvenu en France par l’Allemagne, la Hollande, là Belgique, l’Italie, pays qui ont été de tout temps le théâtre où se battaient des armées approvisionnées par des bestiaux venus des bords du Danube, de la Hongrie, de la Dalmatie… À Dieu ne plaise que nous ayons la guerre, car, si malheureusement notre pays était un jour envahi par les peuples allemands, prussiens, russes ou hollandais, à cette calamité viendrait bientôt s’en joindre une autre : le typhus contagieux sur notre gros bétail. » Le siège de Paris a permis encore d’affirmer qu’il ne peut se développer dans nos pays par suite des mauvaises conditions hygiéniques. Ainsi que le faisait remarquer M. Bouley à l’Académie de Médecine, nous avons eu pendant les dernières chaleurs de l’été