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néral Martin des Pallières, de 50,000 à 60,000 hommes ; le 16e, général Chanzy, de 30,000 à 35,000 ; le 17e, général de Sonis, de 20,000 à 25,000 ; le 18e, général Bourbaki, de 25,000 à 30,000 ; le 20e général Crouzat, de 35,000 à 40,000. Les chiffres que nous avançons ne reposent, hâtons-nous de le dire, sur aucun document authentique. L’effectif total était probablement de 160,000 à 180,000 hommes. La cavalerie était nombreuse, dit-on. Quant à l’artillerie, il est possible qu’elle fût encore incomplète, surtout dans le 17e et le 18e corps, les plus récemment formés. On peut affirmer que le défaut capital de cette armée était le manque de cohésion, défaut inévitable des organisations rapides. Les commandans en chef avaient à peine eu le temps de faire connaissance avec leurs régimens. De Sonis était débarqué d’Afrique tout récemment ; Bourbaki, arrivé de l’armée du nord, ne rejoignait son corps que dans les derniers jours de novembre. À cela près, la réunion de cette belle armée était un véritable prodige qui faisait le plus grand honneur au gouvernement de la défense nationale. Les lignes de chemins de fer qui conduisent du centre de la France à Gien, Orléans et Châteaudun, avaient permis d’opérer des mouvemens de troupes dont l’ennemi n’avait pas le moindre soupçon. C’est ainsi par exemple que le 20e corps (anciennement armée de l’est commandée par le général Cambriels) était venu tout entier, avec ses chevaux et ses canons, prendre ses cantonnement en avant de Gien, tandis que l’état-major allemand le croyait encore à Chagny.

Pour se rendre un compte exact de la situation respective des deux armées, il est encore nécessaire de savoir comment les troupes étaient disposées aux derniers jours de novembre. Le prince Frédéric-Charles était en avant de Pithiviers, le 9e corps à droite, le 3e à gauche, avec le 10e formant sa réserve, un peu plus à l’ouest, en arrière de Beaune-la-Rolande. L’attaque devait se faire de son côté, en suivant les routes qui se dirigent vers Orléans à travers la forêt. Le grand-duc de Mecklembourg, ayant les Bavarois à son extrême droite, la 17e division à gauche en communication avec le 9e corps, et la 22e division en réserve, devait porter tous ses efforts sur Artenay et Chevilly, le long de la grande route de Paris à Orléans. Du côté des Français, le 15e corps, massé devant Orléans, couvrait les routes de Paris et de Pithiviers ; le 20e avait son quartier-général à Bellegarde, et le 18e formant l’extrême droite, à Ladon. À l’autre extrémité, le 16e était à Patay et le 17e entre Patay et Châteaudun. On le voit, le front des Français était beaucoup plus développé que celui des Allemands, cause de faiblesse que la supériorité numérique pouvait compenser. Au reste les généraux en chef des deux armées, ne connaissant pas leurs positions respectives, exécutèrent pendant la dernière semaine de novembre des recon-