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capsularis), qu’on emploie à la confection des sacs destinés à contenir le riz, et une grande espèce de palmier, dont les fibres sont excellentes pour faire les cordages avec lesquels on tire les bateaux.

En remontant le cours de la rivière de Ning-po, on atteint des montagnes de plus de 1,000 mètres, et là, parmi des chênes, des châtaigniers, des pins, se distingue l’un des plus beaux arbres verts, le sapin ou mélèze du Japon (Abies Kœmpferi). Les Chinois le nomment le pin doré, probablement à cause de la couleur que le feuillage et les cônes prennent vers l’automne. Souvent l’arbre dépasse la hauteur de 40 mètres ; le tronc droit et les branches symétriques, horizontales, seulement un peu inclinées vers le bout, rappelant à la fois certaines apparences du cèdre et du mélèze d’Europe, sont du plus bel effet. Sur les sommets des montagnes, il existe, à côté de cèdres du Japon, des ifs d’un genre particulier[1]. M. Fortune a observé dans les vallons une espèce de rhododendron qui avait été découverte précédemment sur les collines de Hongkong [2].

Après la conclusion du traité qui donnait au commerce européen l’entrée de plusieurs ports, un des points le plus tôt visités fut Chang-haï, ville littorale de la province de Kiang-sou, limitrophe du Tché-kiang. Le pays est la vallée du cours inférieur du Fleuve-Bleu : une vaste plaine coupée par des rivières et des canaux. À Chang-hai, par 31° 20’ de latitude, le thermomètre monte jusqu’à 38 degrés pendant les mois de juillet et d’août, tandis qu’en hiver les cours d’eau et les étangs gèlent fortement. Néanmoins la contrée est riche. « Sous le rapport de l’agriculture, dit M. Robert Fortune, la plaine de Chang-hai est la plus belle que j’aie vue en Chine ; elle n’est peut-être égalée dans le monde par aucun district d’une grande étendue ; c’est un immense et magnifique jardin. » Le coton est particulièrement cultivé dans le Kiang-sou, qui a pour capitale, comme on le sait, la ville célèbre de Nan-king. Les cotonniers sont des arbustes hauts de plus d’un mètre, portant des fleurs d’un jaune foncé[3].

En différentes parties de la Chine, on s’occupe d’une manière spéciale de la production de la soie ; mais, sous ce rapport, il n’est point de contrée plus renommée que le district situé à l’ouest de la grande plaine du Yang-tse-kiang. Dans le voyage de Chang-haï au pays de la soie, on passe près de plusieurs lacs bizarrement découpés et en général très ornés de plantes aquatiques. Les nénufars, les macres (Trapa bicornis) les scirpes abondent, et en quelques

  1. Cephlotaxus Fortunei,
  2. Rhododendron Championii.
  3. Gossypium herbaceum.