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tion des deux projets que le ministre des finances, M. Pouyer-Quertier, vient de porter courageusement à l’assemblée. Par l’un de ces projets, M. Pouyer-Quertier demande l’autorisation d’ouvrir un emprunt de 2 milliards 500 millions ; par le second projet, il propose des augmentations d’impôts s’élevant à la somme de 463 millions. Nous voici donc arrivés à cette terrible liquidation, et, sans rien préjuger de la valeur des projets de M. Pouyer-Quertier, on peut assurer d’avance que la volonté de la France ne restera pas au-dessous des horribles charges qu’on lui a infligées. Il y a cependant des Allemands qui trouvent qu’on ne nous a pas assez rançonnés. M. de Bismarck, lui, soutient qu’il a fait ce qu’il a pu, qu’il a laissé la veine de la France ouverte tant qu’il y avait du sang, et il accompagne cela d’injures germaniques auxquelles nous sommes accoutumés. C’est probablement la manière allemande d’être un homme d’état et de se montrer digne de sa fortune !

ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.




Vergelykendt Geschiedenis der onde Godsdiensten, Ie Stuck ; Geschiedenis van den Egyptischen Godsdienst. — Histoire comparée des religions antiques, Ie partie ; Histoire de la religion égyptienne, par M. C.-P. Tiele ; Amsterdam.

À mesure que la science de l’antiquité s’élargit, la possibilité d’en approfondir tous les domaines diminue. Ce sont à chaque instant de nouveaux champs d’exploration qui se révèlent, qui bientôt se subdivisent, et qui, même subdivisés, réclament des études si spéciales, si prolongées, qu’une vie tout entière n’y suffit pas. La division croissante du travail s’impose donc comme une nécessité. Elle a sans contredit de grands avantages ; mais elle a aussi l’inconvénient très grave d’absorber trop souvent le spécialiste dans sa partie. De grands travaux s’opèrent, souvent sans qu’il s’en doute, sur des terrains adjacens à celui qu’il fouille. S’il les connaissait bien, ces travaux, ils lui serviraient de guide, ou lui épargneraient bien des peines. Il les ignore, ou les connaît mal, et de là cette incohérence, ce décousu des résultats auxquels chacun parvient de son côté. Les analyses partielles sont de telle sorte, que la synthèse pèche, ou fait entièrement défaut. Combien de fois par exemple les explorateurs des antiquités ninivites et chaldéennes n’ont-ils pas fait preuve de l’ignorance où ils étaient des données élémentaires de la critique appliquée aux livres de la Bible ! Et