prononcer comme elle l’entendra, sans avoir à tenir compte des liens dans lesquels on veut l’enchaîner. À quoi tient la force de la situation actuelle ? C’est que justement elle est l’expression sérieuse et franche de la souveraineté nationale, c’est qu’en se proposant la pacification patriotique et libérale de la France, elle lui réserve le droit de décider au jour voulu de ses destinées et de son gouvernement, et c’est ce qui fait aussi que, par une sorte de logique du bon sens et de la raison, toutes les manifestations qui se succèdent dans un sens ou dans l’autre tournent en définitive au profit du régime qui a été fondé sous la garantie de l’illustre chef du pouvoir exécutif.
Rien assurément ne le prouve mieux que les élections qui viennent de se faire, et dont le résultat n’a pu tromper que ceux qui voient toujours la réalité à travers leurs illusions ou à travers leurs craintes. Ces élections, à vrai dire, elles sont une manifestation assez exacte de la situation. Eh ! sans doute cette situation, c’est la république, et le scrutin du 2 juillet est en général favorable à la république. La vérité est que sur plus de cent élections, près de quatre-vingts ont tout au moins l’apparence d’une signification républicaine. Paris cette fois a été quelque peu dépassé par la province. Paris a été plus sage que les départemens les plus conservateurs : il a nommé seize des candidats que lui présentaient les journaux modérés, et tout en faisant sa trouée dans la mêlée électorale parisienne, en triomphant malgré tout, M. Gambetta lui-même n’est venu qu’à un rang assez modeste. Pour le coup, la république a donc moins bien fait ses affaires à Paris qu’en province, où elle a recruté un certain nombre d’adhérens nouveaux, et sous ce rapport les élections du 2 juillet ne ressemblent pas sans doute absolument aux élections du 8 février. Qu’y a-t-il donc là de bien étonnant ? Les élections n’ont pas été plus libres, elles se sont faites seulement dans des conditions différentes. Il y a cinq mois, il s’agissait avant tout d’arrêter une effroyable guerre qui menaçait de submerger la France tout entière. La république acceptée avec plus ou moins d’empressement, avec plus ou moins d’inquiétude, ne s’était manifestée que par une dictature qui faisait violence au pays, non-seulement en l’entraînant dans une guerre à outrance, mais encore en lui imposant l’absolutisme tyrannique et subalterne d’agens discrédités. Les populations votaient alors pour ceux qui leur promettaient le plus résolument la paix et la fin de la dictature. Cinq mois se sont écoulés depuis ce moment ; on a retrouvé la paix, la paix extérieure et la paix intérieure. La France rendue à elle-même a pu respirer sous un régime d’équité réparatrice qui s’appelle la république, et le pays vote pour la république.
Est-ce à dire que ce vote du 2 juillet soit une victoire pour tous les genres de république, et tranche d’une façon quelconque la question