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de la ville, près de la promenade dite Unter-den-Linden, s’élevait le monument, qui n’avait pas coûté moins de 1 million et 1/2[1]. C’est un édifice de deux étages, de 14 mètres de hauteur, dans le vieux style vénitien de la renaissance, et couronné par une attique avec balustrade. La façade est en briques rouges avec ornemens en terre cuite. Plus de soixante élèves peuvent y travailler simultanément. Le laboratoire de chimie de Vienne, qu’on édifie en ce moment, aura des proportions à peu près pareilles.

L’université de Leipzig possédait depuis 1843 un laboratoire construit sur les indications d’Erdmann, et qui passait à cette époque pour le plus beau qu’on pût trouver en Allemagne. Depuis vingt-cinq ans, il en est sorti beaucoup de chimistes distingués qui ont concouru aux progrès de l’industrie saxonne. Le gouvernement n’en a pas moins songé à construire dans la même ville un second laboratoire. Les chambres, réunies au printemps de 1867, n’ont pas hésité à voter les fonds nécessaires dans un moment où le pays venait déjà de faire de durs sacrifices. Depuis trois ans, le nouveau laboratoire réunit, sous la direction du professeur Kolbe, un grand nombre d’élèves. Cet établissement couvre une superficie de 5,047 mètres carrés.

Voyons maintenant ce que les laboratoires de chimie sont chez nous. En fait, presque tous nos établissemens d’enseignement supérieur qui comportent une chaire de chimie sont pourvus de laboratoires. Très petits et très mal installés dans les facultés de province, ils n’y servent guère qu’à la préparation des expériences qui doivent être exécutées devant les auditeurs du cours; les exceptions du moins sont rares. A Paris, les laboratoires servent encore aux recherches originales des maîtres et à l’instruction pratique des élèves. Hélas! ils ne sont pour cela guère plus riches, ni mieux pourvus. Beaucoup même sont humides, obscurs et mal aérés. Deux membres de l’Académie des Sciences s’entretenaient, il y a quelques années, d’un de nos premiers chimistes retenu au lit par une fluxion de poitrine. « Que voulez-vous? dit M. Claude Bernard, les laboratoires sont les tombeaux des savans! » Cette parole donne une idée de l’installation misérable de presque tous les laboratoires de la capitale.

Le plus important est celui de M. Wurtz à l’École de médecine. Situé à gauche du grand amphithéâtre de la faculté, il se compose de deux pièces assez petites servant aux opérations chimiques proprement dites, d’une salle réservée aux analyses organiques, d’un

  1. Les plans en ont été dressés par M. Hoffmann lui-même et un architecte célèbre, M. Cremer.