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par les acides qui se dégagent ; le fer des grains noirs, désormais soluble, est entraîné par les eaux, et c’est là l’origine de la coloration ocreuse de l’alios. M. Daubrée a rattaché à la même action chimique des végétaux la formation du fer limoneux dans les lacs de Suède. Les eaux d’infiltration, devenues ferrugineuses par l’action des plantes, s’accumulent dans les lacs et y déposent à la longue un minerai très riche. On rencontre aussi ce fer limoneux dans quelques marais des Landes, par exemple dans ceux de Mimizan, qui ont été autrefois exploités.

L’influence funeste de la couche imperméable d’alios, qui forme le sous-sol des Landes, a été aujourd’hui neutralisée par des rigoles très nombreuses et peu profondes qui favorisent l’écoulement des eaux. Les bruyères et les herbes qui pourrissaient sur place ont été chassées par les pins maritimes, dont les racines, peu altérables, ne produisent plus de dépôts putrescibles. Avec les produits de la fermentation végétale, ont disparu les fièvres qui affaiblissaient la race de ce pays. Le drainage a été le meilleur et le plus sûr des remèdes.

M. Faye a tiré de ces faits une généralisation qui paraît tout à fait justifiée par l’expérience. Le sous-sol doit jouer un rôle capital dans le développement de certaines maladies. « Partout, dit M. Faye, où il existe à 0m,75 ou 1 mètre de profondeur un sous-sol imperméable, on rencontre la fièvre intermittente, si le sol est contaminé par la pourriture végétale, et des fièvres de nature typhoïde, s’il est contaminé par la pourriture animale. Ce dernier point est établi à mes yeux par une longue expérience personnelle. » Chaque fois en effet qu’en visitant un établissement scolaire M. Faye apprit que les affections muqueuses ou typhoïdales y revenaient périodiquement, il constata aussitôt, par l’étude du sol, l’existence d’une couche supérieure infectée, reposant sur un sous-sol imperméable ; et réciproquement, chaque fois qu’il trouva un pareil sous-sol avec des couches supérieures contaminées par des puisards ou des fosses non étanches, il eut à constater le retour périodique de l’épidémie. Le rapport de cause à effet qui existe entre certaines conditions du sol et le développement des fièvres de nature diverse semble donc établi, par ces observations, d’une manière indiscutable. Le remède est ici tout indiqué : empêcher autant que possible les fermentations dans le sol et assurer l’écoulement des eaux par des opérations de drainage. Les pluies se chargent alors de laver le sol, au lieu de l’imprégner de germes dangereux.

Ce qui vient d’être dit est encore confirmé par les observations très curieuses qui ont été faites à Munich depuis un certain nombre d’années. Cette ville, quoique située à plus de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer dans un pays réputé salubre, est visitée assez fréquemment par d’effrayantes épidémies de typhus dont l’apparition a quelque chose de mystérieux. Pendant longtemps les médecins ont fait de vains