Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 94.djvu/692

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courbes nous force presque à supposer qu’il existe entre l’étiage des eaux souterraines et le développement du typhus une relation de cause à effet. Comme ce n’est pas assurément la recrudescence de l’épidémie qui fait baisser les eaux, il faut bien que ce soit la retraite des eaux qui ravive l’épidémie.

On peut encore se demander de quelle manière s’exerce l’influence de ces eaux dont le sous-sol est imprégné. Il est constant que les maladies que l’on attribue à l’action des miasmes se développent de préférence dans les lieux dont le sol est formé par des terrains d’alluvion légers et poreux. Ces terrains absorbent sans cesse des détritus organiques susceptibles de se décomposer sous l’influence de la chaleur et de l’humidité. L’expérience nous apprend aussi que les endroits marécageux, les plaines exposées à de fréquentes inondations et couvertes d’une riche végétation, favorisent éminemment l’éclosion des miasmes, tandis que les régions dont le sol est formé par une roche compacte jouissent généralement d’une immunité assez complète. En rapprochant tous ces faits bien connus, on ne tarde pas à reconnaître que la condition essentielle du développement des miasmes est la présence de matières organiques putrescibles qui se trouvent alternativement exposées au contact de l’air et de l’eau. Cette condition est remplie par un sol poreux où l’eau offre de fortes variations de niveau dans le voisinage de la surface. En montant brusquement, cette eau produit une sorte d’inondation souterraine ; en se retirant, elle laisse au-dessus d’elle un marais chargé de substances fermentescibles que l’air, en pénétrant dans la terre, vient envelopper à mesure que l’eau les abandonne. Ce marais n’est point accessible au vent, qui pourrait en balayer les émanations ; c’est un foyer de décomposition dont les produits vont s’accumuler à la surface du sol. Les surfaces de contact que les matières décomposables présentent tour à tour à l’air et à l’eau sont multipliées à l’infini par les interstices des cailloux et des grains de sable qui forment un terrain léger. Supposons par exemple que le terrain soit composé de globules d’un diamètre moyen de 2 millimètres ; en descendant jusqu’à la profondeur de 1 mètre, leur surface totale développée surpasserait trois mille fois la surface libre du sol. C’est assez dire quel doit être l’effet pernicieux de la dissémination des matières organiques dans un sol poreux. Il est encore possible que la température du sous-sol ait quelque rapport avec l’apparition des épidémies. À Munich, le typhus se déclare généralement vers la fin ou bien au commencement de l’année (en décembre, janvier, février) ; c’est l’époque où la température atteint un maximum (11 degrés) à la profondeur de 7 ou 8 mètres, car elle met six mois à pénétrer aussi loin dans le sol.

Quelques auteurs pensent que le choléra dépend également d’influences telluriques. Ils allèguent que cette maladie n’exerce pas ses