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qu’on les ait négociées à 6 pour 100, on a pu en retirer un capital de 266 millions, en échange duquel le trésor ne doit servir qu’une somme de 10 millions pour les arrérages des pensions payables par l’ancienne caisse de la dotation. La Banque de France a fait des avances considérables. Elles sont, d’après M. Thiers, de 1 milliard 330 millions, et s’augmenteront sans doute dans un avenir prochain de 200 autres millions. L’intérêt de ces sommes, fixé jusqu’ici à 3 pour 100, descendra probablement à 2 et même à 1 pour 100, ce qui, dans cette dernière hypothèse, ne mettrait chaque année que 15,300,000 francs à la charge du trésor.

Afin de compléter les ressources qui seront encore nécessaires et de remplir les engagemens vis-à-vis de la Prusse, le gouvernement s’est entendu avec la compagnie de l’Est pour bénéficier de l’indemnité de 375 millions formant le prix de rachat par l’Allemagne des chemins de fer de l’Alsace. Il s’est résolu en outre, avec l’assentiment unanime de l’assemblée, à émettre un emprunt de 2 milliards. Le bénéfice des 375 millions a été obtenu au moyen d’une annuité de 16,500,000 francs. Quant à l’emprunt, il est offert au public en rentes 5 pour 100 au cours de 82 francs 50 cent. On a cru avantageux de faire revivre dans les circonstances présentes la rente 5 pour 100, afin de ménager pour l’avenir la faculté d’une conversion et le profit de l’abaissement qui pourra se faire dans le taux de l’intérêt. On a vu quel accueil a été fait à cette opération, et comment le public s’est empressé de répondre à l’appel et de porter ses épargnes au trésor. Les 2 milliards vont être souscrits à moins de 6 pour 100. À ce prix, la charge annuelle des intérêts dus par le trésor ne dépasserait pas 120 raillions.

Avec les ressources que nous venons d’énumérer et quelques millions demandés à la dette flottante, la France est en mesure de faire face à toutes ses obligations présentes et de compléter le paiement des deux premiers milliards de l’indemnité de guerre. Quant aux trois derniers milliards formant le solde de cette indemnité, il ne faut pas négliger le profit que peut procurer au trésor l’application de l’article du traité de paix qui fixe à 5 pour 100 le taux de l’intérêt jusqu’à l’époque du remboursement. Il y a une différence de 1 pour 100 au moins entre ce taux et celui qu’on obtiendrait probablement aujourd’hui par une réalisation immédiate, et il en résulterait ainsi un bénéfice de 30 millions chaque année pendant trois ans. Seulement, comme le retard dans l’acquittement de l’indemnité de guerre correspond à un retard dans l’évacuation du territoire français, il y aura lieu de délibérer si ce gain de 30 millions équivaut aux inconvéniens du prolongement de l’occupation. Il faudrait obtenir à la fois l’évacuation de nos provinces et le bé-