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pourrait augmenter d’environ 2 millions le chiffre des économies, ce qui en porterait le total à 12 millions ou à 10 millions seulement en défalquant ce qui concerne les frais de régie et de perception. Ce chiffre pourrait s’accroître encore de la suppression d’une partie des indemnités directes et indirectes de tout genre qui, à côté du traitement officiel, constituent un second traitement d’une réelle importance.

Malgré l’intérêt de ces réductions, il est facile de se convaincre que ce n’est pas avec des réformes sur le personnel qu’on pourra combler le déficit créé dans le trésor par les derniers événemens. Là seulement où sont les grosses dépenses peuvent se trouver les grosses économies. À ce titre, ce sont les services de la guerre, de la marine et des travaux publics qui offriraient le champ le plus étendu à l’épargne.

Le premier de ces services mérite une étude toute particulière. Il se relie étroitement au système militaire qui doit prévaloir en France, et ce système jusqu’ici n’a pas été fixé. Le législateur se trouve en présence d’une double nécessité, celle de constituer une force suffisante pour protéger efficacement le pays et celle d’adopter un système économique qui n’écrase pas notre budget appauvri. Il ne faut plus que la disproportion du nombre permette à l’ennemi de pénétrer en quelques semaines jusqu’au cœur de la France, et à ce point de vue notre ancienne armée de 400,000 hommes ne répond plus aux exigences de la situation. D’un autre côté, le chiffre de 370 millions porté pour les dépenses de la guerre dans le dernier budget voté par le corps législatif semble une charge bien lourde pour nos finances.

On a déjà mis en avant plusieurs projets de réorganisation militaire. Entre tous, celui du général Faidherbe a la prétention d’assurer au pays le plus grand nombre possible de combattans avec la dépense la moins grande possible. Nous allons, en suivant ce projet, déduire les conséquences financières qui en résulteraient, sans préjuger d’ailleurs des mérites ou des défauts que peut offrir au point de vue militaire la conception du général.

On sait que le principe du système repose sur l’obligation du service pour tous les citoyens. Chaque Français âgé de vingt ans et possédant l’aptitude physique entre dans l’armée nationale. Il reste deux ans sous les drapeaux, fait ensuite pendant deux ans partie de la première réserve, qui passe les deux mois de mai et de juin dans les camps, et pendant six mois de la deuxième réserve, qui passe quinze jours par an et par tiers dans les camps du 15 juillet au 1er septembre. Chaque classe donnant environ 192,000 soldats, deux classes donnent pour l’armée active un total d’environ 384,000 hommes, la première réserve 370,000 hommes