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formels que donnait le général en chef, lorsqu’il prenait toutes ses mesures pour opérer un mouvement, qu’il s’allégeait de ses bagages, qu’il faisait prendre les vivres de campagne, qu’il faisait réparer les voies, etc. ? Si je prenais la défense de l’armée, c’est que certaines personnes l’attaquaient avec une extrême violence, et que ma position et ma conscience me faisaient un devoir d’en agir ainsi.

Il est écrit au même paragraphe : « Le 13 octobre, un conflit plus grave que tous les précédens éclatait entre le conseil municipal et le commandant supérieur de la place. »

M. Mézières ignore sans doute que je n’ai jamais eu le moindre conflit avec le conseil municipal. J’ai assisté à deux ou trois séances à la fin du blocus, et tout s’est passé de la façon la plus courtoise et la plus sympathique ; mais j’avais des rapports journaliers avec le maire et avec ses adjoints, et ces rapports ont toujours été des plus concilians. Il est même digne de remarque que, dans ces longs jours d’anxiété et d’embarras de toute sorte, il ne se soit jamais produit le moindre désaccord entre nous. Pour en donner une idée exacte, je peux citer une lettre du 19 septembre que m’écrivait M. le maire en réponse à une demande de secours que je lui adressais en faveur des communes suburbaines. M. Maréchal terminait sa lettre par ces mots : « Nos réserves en blé sont en effet moins satisfaisantes qu’on l’avait espéré. Le recensement opéré jusqu’ici ne révèle que l’existence d’environ 7,000 quintaux, chiffre qui représente l’approvisionnement nécessaire pour quatorze jours environ. Si l’on admet que la continuation du recensement porte la réserve totale à 10,000 quintaux, les besoins en pain seront assurés seulement pour vingt jours. Dans ces conditions, il est permis de ne pas se montrer généreux, quoi qu’il en puisse coûter à votre habituelle bienveillance. » Ainsi donc, en réalité, il n’y a jamais eu de conflit entre l’autorité civile et l’autorité militaire de Metz. Le grave et nouveau désaccord signalé par M. Mézières se borne à ceci : le conseil municipal, après ma lettre du 13 octobre, crut devoir manifester son étonnement de ce que les ressources alimentaires s’épuisaient. Je répondis que le fait était de notoriété publique, puisqu’on réduisait tous les jours les rations, puisqu’on voyait les soldats assaillir les boulangeries, etc. En résumé, lorsque le 13 octobre j’étais parfaitement convaincu, d’après les résolutions prises le 10, que l’armée était sur le point de partir, d’une manière ou d’une autre, je donnai l’ordre de mettre les ressources alimentaires en commun ; mais lorsque je vis que les négociations traînaient en longueur, je rapportai cette décision. M. Mézières se trompe en attribuant cette seconde décision au conseil municipal. On n’a jamais mis en doute que le conseil municipal de Metz n’ait dignement et patriotiquement fait son devoir, mais de grâce ne venez point amoindrir ses titres si honorables par une exagération inadmissible. Tantôt vous représentez les autorités civiles