Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/821

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'INSTRUCTION GENERALE
EN FRANCE

L'OBSERVATION ET L'EXPERIENCE


I

Une vérité triste pour notre amour-propre national n’est plus à démontrer ; elle frappe en même temps qu’elle afflige tous ceux qui ont le souci de la grandeur du pays : le goût de l’étude décline chaque jour parmi nous. L’intérêt que l’on portait autrefois aux œuvres scientifiques s’affaiblit également au sein de la société, et l’indifférence générale amène le découragement chez la jeunesse studieuse, sollicitée d’entreprendre des travaux qui ne doivent assurer qu’un sort précaire. Se livrer à un immense labeur en vue d’une découverte ou d’un perfectionnement avec la certitude de n’acquérir aucun bien et sans grand espoir de renommée semble folie, quand on voit la fortune aller aisément aux spéculateurs et aux trafiquans, et les honneurs de préférence aux gens habiles. Se donner des peines infinies pour la pure satisfaction de l’esprit, pour la joie de servir la cause de l’humanité ou pour soutenir l’éclat du pays est d’un désintéressement dont les exemples resteront rares, surtout dans les familles riches. Si l’on pouvait douter de l’indifférence croissante pour les études, il suffirait, pour s’en convaincre, de voir les principaux organes de la publicité d’il y a vingt-cinq ou trente ans et de les comparer à ceux d’aujourd’hui : la différence du caractère et de l’étendue des bulletins du mouvement scientifique fournirait une indication. Il suffirait encore de s’informer du nombre relativement considérable des personnes qui travaillaient autrefois dans les