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LES
CHEMINS DE FER
PENDANT LA GUERRE

Les chemins de fer ont eu, pendant la dernière guerre, un rôle considérable. En Allemagne comme en France, ils ont accompli d’immenses transports de troupes, de munitions et d’approvisionnemens ; ils ont exercé une grande influence sur les plans de campagne, suites mouvemens stratégiques et sur les résultats des opérations, — plus d’une fois cette influence a été décisive. Amère dérision des contrastes ! ces instrumens de paix, créés pour rapprocher les sympathies et les intérêts des peuples et des hommes, ont été pendant de longs mois employés à une œuvre de guerre, de destruction, de haine. Ils ont, pour ainsi dire, fait campagne. Désormais les voici classés parmi les plus redoutables engins de mort ; ils appartiennent à l’armement des nations, et il est du devoir des gouvernemens de les organiser, non plus seulement à l’usage des voyageurs, de l’industrie et du commerce, mais encore et spécialement en prévision de ces éventualités terribles qui mettent en péril (nous venons de l’éprouver cruellement) les nationalités les plus prospères et les plus vaillantes.

En même temps, les chemins de fer ont partagé la solidarité de nos désastres, ils ont payé leur tribut à la défaite. Parmi les ruines accumulées sur notre sol, il faut compter les ponts et les viaducs détruits, les gares incendiées, les œuvres d’art écroulées, indépendamment des pertes causées par l’interruption du trafic. Une partie du capital national comme de la fortune publique et privée s’est