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médico-chirurgicale, un certain nombre d’élèves sont complètement entretenus pendant toute la durée de leurs études, et reçoivent en outre une allocation de 1,200 francs par an. Ceux-là doivent à l’état dix ans de service, exclusivement dans la chirurgie militaire.

La Pépinière ou l’institut Frédéric-Guillaume est pour la Prusse l’école spéciale de médecine militaire ; mais elle diffère de nos écoles et a beaucoup d’analogie avec l’académie de Pétersbourg, en ce sens que les élèves n’y font guère que des études spéciales, et qu’ils reçoivent leur éducation générale à l’université, c’est-à-dire à la faculté de médecine. Ici encore appel est fait aux déshérités de la fortune. Pour entrer à l’institut, les élèves doivent avoir terminé leurs études dans les lycées ou gymnases et avoir passé l’Abiturienten-Examen, qui correspond à notre baccalauréat ès-lettres. ; c’est du reste la condition indispensable pour être reçu dans une université allemande. Les élèves sont divisés en deux catégories. Les uns, au nombre de soixante-douze, reçoivent gratuitement l’instruction, les répétitions, le logement dans la maison, le chauffage, l’éclairage, mais non la nourriture, et une indemnité de 8 thalers par mois (30 francs) ; ce sont les « élèves de l’institut. » Les autres, également au nombre de soixante-douze, participent aux mêmes avantages, sauf l’indemnité ; ce sont les « élèves de l’académie. » Les premiers doivent à l’état huit ans de service militaire, les seconds quatre ans. Cependant ils peuvent donner leur démission, mais ils doivent alors rembourser une certaine somme pour chaque année passée à l’institut. L’organisation de la Pépinière mérite d’attirer l’attention. Les élèves y passent quatre années, pendant lesquelles ils suivent les cliniques et les cours de l’université ; en outre ils assistent à des répétitions qui sont faites à l’institut par des médecins militaires d’un certain grade, et qui portent sur les matières professées dans les cours de l’université, ainsi qu’à des cours spéciaux sur le recrutement et l’aptitude au service, les simulations, les maladies entraînant la réforme, etc. Après deux ans d’études, les élèves de l’institut passent à l’université l’examen des sciences physiques, naturelles et anthropologiques (Physicum) ; après quatre ans, ils se présentent au doctorat, toujours à l’université, et quittent la Pépinière avec le grade de sous-aide. À ce moment, une séparation se fait entre, eux. Les onze élèves les plus distingués de la promotion entrent à l’hôpital de l’université (Charité de Berlin) ; ils y sont logés et y complètent leurs études, après quoi ils subissent l’examen d’état (Staats-Prüfung), et, quand ils ont ainsi obtenu le titre légal à l’exercice de la médecine, ils passent dans un régiment avec le grade d’aide-major. Ils sont en quelque sorte désignés à un avancement ultérieur plus rapide. En quittant la Pépinière, les autres élèves sont directement envoyés dans les régimens et y font le