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service comme sous-aides. Après une année, ils peuvent se présenter aux examens d’état, et, quand ils ont obtenu le titre de médecin-praticien, ils sont également promus au grade d’aide-major. Pendant leur huit années de service, les élèves de l’institut obtiennent de l’avancement ; mais nous verrons qu’on ne peut, dans la chirurgie militaire en Prusse, arriver au grade de médecin principal sans subir de nouveaux examens.

La France possédait jadis trois écoles de médecine militaire, à Lille, Metz et Strasbourg, dans lesquelles les élèves passaient leurs deux premières années d’études, après quoi ils étaient envoyés à l’école de perfectionnement du Val-de-Grâce, où ils séjournaient une année. Au sortir du Val-de-Grâce, ils étaient attachés aux hôpitaux en qualité de sous-aides, pour revenir, sept ou huit ans après, passer de nouveau une année dans l’un des hôpitaux, d’instruction et une autre au Val-de-Grâce, — et comme ils avaient alors subi dans une faculté leurs examens de docteur en médecine, ils recevaient le grade d’aide-major. C’était, il faut l’avouer, une détestable organisation ; car trois années d’études sont insuffisantes, et lorsqu’après six ou sept années passées le plus souvent en Algérie le sous-aide revenait s’asseoir sur les bancs de l’école, presque toujours son éducation était à refaire. Un décret supprima le 4 mai 1850 les hôpitaux d’instruction et les choses restèrent en suspens jusqu’au 23 mars 1852. Le décret rendu à cette époque n’admettait comme médecins militaires que des docteurs en médecine, et ne leur imposait qu’une année de stage au Val-de-Grâce. Excellent au point de vue de l’éducation médicale, ce décret rendait le recrutement à peu près impossible, car lorsqu’un élève a pu, à l’aide des sacrifices que s’est imposés sa famille, arriver au doctorat, il est fort peu disposé à embrasser une carrière qui ne lui promet guère que des ennuis. Il fallut donc en revenir au principe des écoles spéciales prenant les élèves au début de leurs études ; c’est ce que fit le décret du 12 juin 1856 en créant l’école de Strasbourg. Les élèves demeuraient quatre ans dans cette école annexée à la faculté. Pendant ce temps, par une dérogation fâcheuse à la loi sur l’enseignement de la médecine, ils pouvaient devenir docteurs, puis ils passaient une année à l’école spéciale du Val-de-Grâce, et entraient dans les rangs de l’armée en qualité d’aides-majors de deuxième classe.

Tel est aujourd’hui l’état des choses en France et dans les principaux états de l’Europe. Portons maintenant notre attention sur cette partie du corps de santé que constituent des médecins, pratiquant, la chirurgie militaire et appartenant au service actif et permanent ; nous avons alors à examiner la question du recrutement et en même temps l’utilité d’une école spéciale, question d’autant