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la métropole religieuse d’Antioche, tout en restant étrangers à l’empire. Il résultait de cette immense juridiction bien des lenteurs et bien des embarras dans l’administration des églises ; les déplacemens étaient énormes et par des routes difficiles. Ainsi il fallait plus de douze journées de marche aux évêques des contrées de l’Euphrate pour se rendre près de leur patriarche, lorsqu’ils y étaient appelés. Or dans la circonstance les suffragans désignés devaient se réunir d’abord à leurs métropolitains respectifs pour se rendre à Antioche et tous ensemble partir de là pour le concile sous la conduite du patriarche ; mais le trajet d’Antioche à Éphèse ne demandait pas moins de quarante-deux journées, même par les chars de la course publique. On voit quelle laborieuse tâche c’était pour un patriarche d’Orient de rallier sous ses ailes les représentans de son église et de les conduire ensuite jusqu’à Éphèse. Encore Jean d’Antioche avait-il considérablement simplifié la tâche en fixant à deux seulement le nombre de suffragans que chaque métropolitain pouvait détacher de son ressort.

Le délai déjà bien court pour se rendre dans la capitale de la province d’Asie entre Pâques et la Pentecôte, comme le voulait la lettre de convocation, fut encore raccourci par un usage particulier au patriarcat d’Orient. Non-seulement la solennité de Pâques y était célébrée avec plus d’éclat que dans le reste des églises, mais elle se prolongeait jusqu’à l’octave, de sorte que les évêques ne purent s’absenter cette année que dans les derniers jours d’avril, Pâques tombant le 19 du même mois. Le temps qu’exigeaient leur ralliement aux centres métropolitains et leur réunion générale à Antioche ne leur permettait guère de se mettre en route pour Éphèse avant la première semaine du mois de mai. Jean d’Antioche écrivit donc aux évêques déjà réunis qu’ils voulussent bien l’attendre, lui et ses Orientaux, quelques jours après le délai passé, promettant d’y mettre toute la célérité qui dépendrait de lui. Il espérait, d’après son calcul, ne point dépasser l’octave de la Pentecôte ; mais il comptait sans les incidens inséparables d’un tel voyage, et il s’en présenta plusieurs. Ainsi le départ fut retardé par une sédition des Antiochiens occasionnée par la cherté des vivres, et où Jean crut de son devoir de se porter pacificateur. Un autre retard provint d’un débordement de l’Oronte, qui dégrada la route que les Orientaux devaient suivre. Enfin, avant de partir, il voulut tenir une séance de son synode provincial qu’il avait convoqué dans l’intention d’arrêter d’un commun accord la conduite à tenir dans le concile, afin que l’église syrienne tout entière se reconnût solidaire des actes de ses délégués.

On examina successivement dans le synode ce qu’il convenait de faire vis-à-vis de Nestorius et vis-à-vis de Cyrille. Le synode fut