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mais la faute, c’en était une, n’était pas irrémédiable, les ministres et le conseil espérant pouvoir tout terminer avant l’arrivée des députés de Cyrille. La mission du magistrien Palladius, sans avoir rien produit en fait, procurait des lumières sur la marche qu’il convenait de suivre. Dans le désir d’épargner à Théodose des embarras qu’il n’aimait pas, on arrêta de tout faire régler à Éphèse même par un envoyé extraordinaire muni de pleins pouvoirs ; voici le programme qu’on lui traça.

1° Arriver à la conciliation des partis de manière à former une assemblée unique qui serait le concile.

2° Si l’obstination des chefs était un obstacle à cette union, faire disparaître, pour le bien de la paix, Cyrille, Memnon et Nestorius, dont l’empereur approuvait et maintenait la déposition. — On voit que Nestorius était aisément sacrifié par ses anciens amis. — Si tous les efforts de conciliation échouaient, et qu’on ne pût amener les deux prétendus conciles à n’en faire qu’un seul, on renverrait les évêques dans leurs églises ; mais auparavant l’envoyé extraordinaire s’enquerrait de l’opinion de la majorité des pères sur la question qui avait provoqué la convocation d’un concile œcuménique, à savoir si la vierge Marie devait être appelée mère de Dieu ou mère de l’homme, afin que l’empereur, dans les prescriptions émanant de son autorité législative, pût se guider sur ce qu’eût décidé le concile, si le concile avait existé.

Une telle mission, fort délicate comme on voit, exigeait un homme éminent par la position non moins que par le caractère et le mérite : l’empereur crut l’avoir trouvé dans la personne du comte Jean, membre du consistoire sacré.


IV

Depuis le départ du magistrien Palladius, la cause de Cyrille avait reçu dans Éphèse un grand renfort par l’accession des légats du pape. Retenus en mer plus longtemps qu’ils n’eussent voulu, ballottés de plage en plage par des vents contraires, ils arrivaient quand tout était fini, ou plutôt quand tout allait se dissoudre. Ils étaient au nombre de trois, deux évêques, Arcadius et Projectus, et Philippe, prêtre de l’église romaine. La ville les accueillit comme des sauveurs. Cyrille, qui, malgré son titre de vicaire du pape, avait refusé d’attendre ses légats pour la première session de son concile, en ouvrit pour eux une seconde dans la maison épiscopale de Memnon. Les Orientaux, comme on pense bien, n’y furent pas convoqués, et les légats ne leur firent point visite. Cette seconde session fut employée d’abord à compléter la première en ce qui concernait Nestorius ; on lut en présence des nouveau-venus les