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NEGOCIATIONS
AVEC L'ALLEMAGNE

LES TRAITES DE BERLIN

Depuis la conclusion des préliminaires de paix signés à Versailles le 26 février 1871, la France et l’Allemagne sont engagées dans une série de négociations dont le traité de Francfort, du 10 mai, a fixé les principes. Il faut déterminer les nouvelles limites, assurer le paiement des indemnités de guerre, pourvoir aux intérêts industriels et commerciaux des régions que le sort des armes nous a enlevées, régler les conditions d’état civil pour les personnes ainsi que la liquidation des établissemens publics et privés dont la guerre a changé la nationalité. Négociations compliquées, et surtout bien douloureuses, qui touchent aux questions les plus difficiles du droit des gens et qui exigent de la part de la diplomatie française tous les efforts et toutes les résignations du patriotisme. Il s’agit de traités que, dans le langage politique, on appelle des traités de paix : au fond, c’est la lutte qui se poursuit sur un autre terrain, l’Allemagne cherchant à pousser jusqu’au bout les conséquences de sa victoire, la France se débattant sous l’étreinte de sa défaite d’un jour et pouvant encore se défendre à force de patience, de sagesse et de dignité. Dans cette lutte qui a pour théâtre l’intérieur des chancelleries, mais sur laquelle cependant les événemens et les incidens extérieurs exercent une grande influence, il nous est permis de constater dès à présent quelques avantages qui atténuent les maux de la guerre, préparent la réorganisation plus prompte de nos