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un parti uniquement catholique, c’est renoncer en principe à l’intégrité du pays. Si vous arriviez au pouvoir comme parti catholique, les pays protestans, le Palatinat et la Souabe bavaroise, se sépareraient immédiatement, car vous ne reconnaissez pas la liberté des confessions. »

Les orateurs du parti national-libéral, comme le député Voelk, ont, de leur côté, paralysé l’opposition des ultramontains en représentant leur politique comme un acte de haute trahison, favorable à la France catholique. Sur ce thème, ils ont, depuis dix-huit mois, développé la théorie haineuse du germanisme contre le romanisme. Leur thèse ne manquait pas précisément de justesse, car, de son côté, la presse catholique française écrivait à la même époque : « Si les catholiques et les démocrates, unis en Bavière de la manière la plus étroite, arrivaient au ministère, l’alliance serait faite le lendemain entre la France et les états du sud. » Cependant l’impuissance du parti ultramontain contre la Prusse se manifestait d’une manière éclatante lors de la guerre avec la France. Ainsi ce parti en 1869 avait voué le ministère Hohenlohe aux dieux infernaux pour sa célèbre circulaire contre le concile, et pourtant quelques mois plus tard, au commencement de 1871, après avoir renversé ce ministère comme suspect de trop de faiblesse envers la Prusse, il était contraint de reprendre pour son compte cette même politique. C’est en effet l’appoint des voix ultramontaines qui a permis à la chambre bavaroise de voter le concours donné par la Bavière à la Prusse dans sa guerre avec la France. Enfin le même parti a voté à une majorité considérable les traités conclus à Versailles pendant la guerre (le 23 novembre 1870) entre la Prusse et la Bavière, traités qui rivent définitivement ces deux pays l’un à l’autre.

Sa conduite était d’ailleurs conforme aux vœux du chef de l’église. Le 21 janvier 1871, le cardinal Antonelli faisait savoir aux députés bavarois par le télégraphe et par l’intermédiaire de M. de Tauffkirchen, ministre de Bavière auprès du saint-siège, que le pape désirait leur voir adopter ces traités, dont le rejet devait fortifier en France l’élément républicain au préjudice de l’ordre public en Europe. Or ces traités équivalaient, d’après l’aveu même des députés bavarois, à la médiatisation de la Bavière. Si les Bavarois entendaient aujourd’hui se séparer de la Prusse, ils ne seraient plus seulement des alliés infidèles, mais des rebelles auxquels l’empire germanique ne reconnaîtrait pas la qualité de belligérans. L’armée bavaroise maintenant, et même en temps de paix, prête au roi de Prusse le serment. du drapeau, serment contradictoire avec celui qu’elle doit à son propre prince. La législation qui régit la presse