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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1871.

Au moment où l’assemblée nationale, reposée et retrempée, va se trouver de nouveau réunie pour reprendre son œuvre interrompue, il faudrait bien pourtant savoir ce qu’on veut, ce qu’on peut et ce qu’on doit faire. Ces vacances de près de trois mois, qui vont maintenant finir, étaient sans doute nécessaires après les plus dures épreuves et les plus cruels labeurs qui aient été jamais infligés à un parlement. Nos députés, dispersés dans les provinces, ont pu respirer un instant, étudier les sentimens et les besoins les plus pressans du pays, écouter jusqu’au murmure des opinions. Les conseils-généraux récemment élus ont tenu leur session, qui s’achève à peine ; ils sont entrés à pleines voiles, avec plus ou moins de bonheur, dans cette expérience d’une loi nouvelle qui aggrave leur responsabilité en étendant leurs droits. Le gouvernement de son côté, sans cesser de veiller sur la paix intérieure, sans se détourner du mouvement régulier des choses, a eu le temps de préparer tout ce qui doit être l’objet des plus prochaines délibérations publiques, la loi militaire, les lois de finances, la loi sur l’enseignement. On a repris haleine en quelque sorte ; aujourd’hui cette trêve a duré assez, et elle aurait même trop duré, si on n’en avait pas profité. Dans quatre jours, comme il y a trois mois, gouvernement et assemblée vont se retrouver en face des redoutables problèmes d’une situation qui ne s’est point aggravée sans doute, qui n’a pas sensiblement changé non plus, où tout est à créer, à reconstituer, à remettre en ordre et en équilibre. Maintenir partout les garanties de la paix publique, agir libéralement, résolument dans toutes les sphères, rouvrir devant le pays un chemin où il puisse s’avancer sans découragement et sans impatiences meurtrières, se sentant protégé et conduit par les pouvoirs qui le représentent, ramener sans cesse les esprits à la réalité en dissipant les fantasmagories des ambitions intéressées et des passions agitatrices qui n’ont aucune pitié