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LES DOCTRINES
DE LA COMMUNE

Toutes les insurrections ont leur mot d’ordre. Quel que doive être leur destin, elles prétendent se justifier des ruines qu’elles font et du sang qu’elles répandent. Triomphantes, elles n’ont plus besoin d’excuse, le succès est leur complice; elles sont classées dans l’histoire au chapitre indulgent des révolutions. Vaincues, elles protestent contre l’arrêt de la force, elles tentent de réhabiliter, au nom d’un principe, d’une idée ou d’un droit, les plus criminelles entreprises. L’armée est dispersée, mais le mot d’ordre reste. C’est ce que nous montre la formidable insurrection qui, sous le titre de commune, a récemment ensanglanté et incendié Paris.

Il est inutile de rappeler à la suite de quels événemens, si douloureux pour la France, cette insurrection est née, comment elle s’est développée, quels ont été ses personnages et ses actes. Cette enquête sur les faits matériels appartient à la justice. Ce qui importe aujourd’hui, c’est la recherche des causes premières qui ont produit le désordre dans un si grand nombre d’intelligences, tant d’illusions complaisantes et presque complices à Paris, en France et en Europe; c’est l’étude des doctrines de la commune. La commune a donc des doctrines! Beaucoup nous blâmeront de lui faire cet honneur, et parmi ceux-là il s’en trouve sans doute plus d’un qui, sans le savoir et surtout sans le vouloir, a contribué par ses paroles ou par ses écrits au progrès de pareilles doctrines. Il faut cependant reconnaître qu’un soulèvement populaire n’aurait pu atteindre de telles proportions au simple appel de quelques chefs, inconnus ou tarés, qui n’auraient promis aux foules que la violence et la destruction; il faut admettre que l’insurrection n’aurait point obtenu dans d’autres villes des sympathies qu’il serait puéril de dis-