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Tous ces dépôts, quelle que soit la nature des roches du littoral ou de celles que les affluens ont entraînées vers la mer, contiennent toujours une proportion notable de calcaire ou carbonate de chaux. Cela vient de ce que tous renferment des débris de coquilles marines dont le carbonate de chaux est le principe constituant. Ces coquilles ne sont pas distribuées uniformément le long de nos côtes. Abondans sur les plages ou les côtes peu élevées, les animaux qui sécrètent ces coquilles sont rares au pied des falaises, des roches abruptes et sur les fonds de galets. Sur les plages sablonneuses, ils sont tantôt rares, comme le long des landes de Gascogne et des côtes de la Belgique, tantôt abondans, comme dans le golfe d’Antibes, les côtes du Calvados et la baie de la Seine ; ils le sont surtout lorsque la côte est découpée et présente des anses nombreuses abritées des vagues et des vents du large. La configuration physique joue sous ce point de vue un plus grand rôle que la composition chimique ; ainsi les mollusques testacés sont également nombreux sur es côtes calcaires de la Méditerranée ou de la Saintonge, qui leur fournissent le carbonate de chaux dont leur coquille se compose, et au pied des rochers granitiques de la Bretagne, de Belle-Ile-en-Mer et des îlots du Finistère, où le feldspath remplace le carbonate de chaux. Ces considérations conduisent naturellement l’auteur à traiter de la distribution des bancs d’huîtres le lons des côtes de France et des parcs artificiels établis par les soins de M. Coste pour multiplier ces mollusques si précieux pour la gastronomie. L’emplacement des huîtrières est figuré sur la carte n° 6 de l’atlas.

Pour mettre en rapport la constitution des terrains émergés avec les dégâts sous-marins, M. Delesse a dressé une belle carte représentant la France divisée en quatre grands bassins hydrographiques : celui du Rhône, correspondant à la Méditerranée, ceux de la Gironde et de la Loire à l’Océan atlantique, celui de la Seine à la Manche, celui de l’Escaut à la Mer du Nord. Sur le littoral, des teintes variées indiquent la nature des dépôts sous-marins composés de roches pierreuses diverses, de calcaires tendres et crayeux, d’argile, de vase, de sables, de gravier ou de galets. Les vases pures et les vases sableuses dominent sur les côtes de la Méditerranée, depuis Nice jusqu’à Perpignan. Les dépôts de roches pierreuses entourent les deux presqu’îles du Finistère et du Cotentin, traversent la Manche et rejoignent les côtes de Cornwall et de Dorset, en Angleterre ; les galets forment une mince bordure d’Étretat à Dieppe, et des dépôts variés occupent le fond du Pas-de-Calais et le vaste plateau sous-marin, qui s’étend de Quimper à Saint-Jean-de-Luz. M. Delesse a fait le même travail pour toutes les mers de l’Europe ; une grande carte en représente les dépôts littoraux jusqu’à une distance considérable des côtes, et on ne peut se figurer aisément les immenses recherches qu’elle a nécessitées, soit pour la délimitation des bassins hydrographiques du continent européen, soit pour la détermination, à