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locomobiles. Lorsque la machine fonctionne sous haute pression, par conséquent avec de la vapeur à une température de 140 à 180 degrés, la détente est indispensable ; au contraire les machines à basse pression, celles des bateaux par exemple, dont la vapeur n’est chauffée qu’à 110 ou 120 degrés au plus, peuvent sans grand inconvénient se passer de détente. Il y a maintenant, pour ainsi dire, autant de types de machines que de sortes d’industrie. Les modèles varient suivant la force que l’on veut obtenir, suivant l’usage que l’on en veut faire. Le point important est de choisir en chaque cas particulier l’espèce de moteur le plus économique et le moins susceptible de dérangemens.

Parmi les procédés auxquels les inventeurs ont eu recours pour amoindrir la perte de chaleur à la sortie du cylindre, il y en a un fort ingénieux en théorie, bien que la pratique n’en ait pu tirer aucun parti après de nombreux essais. C’est la machine double de M. du Trembley. L’éther sulfurique est un liquide qui bout à 37 degrés centigrades. M. du Trembley avait imaginé de plonger dans le condenseur d’une machine ordinaire à vapeur d’eau une autre machine à vapeur d’éther : celle-ci n’était échauffée que par le calorique perdu de la première ; elle fournissait par conséquent un supplément de force motrice sans que la dépense en combustible fût augmentée. L’inventeur mit en expérience plusieurs appareils de ce genre, notamment sur un bateau qui fit pendant plusieurs années le service entre Alger et Marseille. La marine de l’état en fit aussi l’essai. En définitive, il y fallut renoncer, parce que la vapeur d’éther est si subtile qu’elle s’échappait par tous les joints, et que, malgré une ventilation énergique, il en résultait de fréquentes explosions.

C’est au même ordre d’idées qu’appartiennent les réchauffeurs et les surchauffeurs. Outre la chaleur perdue à la sortie du cylindre, il s’en perd encore par la cheminée, où les gaz du foyer se dégagent à une haute température. Les gaz que produit la combustion ne doivent pas être complètement refroidis, car le feu languirait faute de tirage ; mais, si la cheminée est d’une hauteur suffisante et que la fumée en sorte à la température de 500 à 600 degrés, il y a excès de tirage et perte de chaleur. Tantôt on place dans le conduit de fumée des tuyaux où l’eau d’alimentation s’échauffe à 60 degrés avant d’entrer dans la chaudière : ce sont les réchauffeurs ; tantôt on surchauffe la vapeur dans un tube placé entre la chaudière et le cylindre. Ces appareils ont l’inconvénient de compliquer une machine qui est déjà par elle-même bien délicate. Aussi l’usage ne s’en est-il pas répandu, même dans les machines marines, pour lesquelles l’économie de combustible présente