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cependant un intérêt de premier ordre. Au surplus, on a reconnu depuis longtemps qu’il ne suffit pas de perfectionner l’instrument ; il importe peut-être plus encore de faire l’éducation de l’artisan qui en dirige la marche. Un bon chauffeur sait conduire le feu, alimenter le foyer à propos, conserver une basse pression de vapeur dans la chaudière pendant les heures de reposa l’économie de combustible qu’il réalise est considérable. Les directeurs des usines où l’on emploie la vapeur ne peuvent en général se rendre compte si les foyers de leurs chaudières brûlent trop de charbon de terre, car les points de comparaison leur manquent. Au contraire les compagnies de chemins de fer, qui possèdent des centaines de locomotives circulant sur les rails dans des conditions à peu près analogues, déterminent le poids maximum de houille qu’un mécanicien doit consommer par heure ; une part du profit obtenu par tan chauffage bien dirigé s’ajoute au salaire de l’ouvrier qui conduit la machine. On s’accorde à reconnaître que ce partage de bénéfices entre la compagnie et ses employés est très avantageux.

Dans les chiffres statistiques cités plus haut, on a fait la distinction entre les machines fixes, les locomotives et les machines de bateaux. dette division n’est pas arbitraire ; il convient de la conserver dans l’étude plus détaillée à laquelle nous allons nous livrer.


II

Depuis les essais informes des premières pompes à feu jusqu’aux machines perfectionnées que fabriquent aujourd’hui tous les grands ateliers de construction, une foule d’inventeurs, quelques-uns célèbres, la plupart inconnus, ont patiemment amélioré ces engins monstrueux. S’il fallait absolument associer le nom d’un homme à la machine à vapeur, c’est, comme le remarque avec raison M. Jacqmin, le nom de Watt qui devrait obtenir la préférence. Le constructeur anglais n’a pas seulement réalisé les progrès les plus remarquables, il a de plus produit un type simple auquel on revient volontiers maintenant après avoir tenté bien des modifications. Ainsi, quand la force de la vapeur doit mettre en mouvement des pompes pour aspirer ou refouler l’eau, les ingénieurs de notre temps choisissent de préférence la machine à cylindre vertical avec balancier, que les ateliers de Watt et Bolton fabriquaient, il y a cent ans, pour les pompes d’épuisement des mines de Cornouailles. Dans les filatures, où la vapeur doit, non plus donner un mouvement alternatif au piston d’une pompe, mais faire tourner un arbre de couche d’un mouvement uniforme, on aime mieux une machine avec cylindre horizontal, dont l’installation est plus facile. Au surplus, le