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Aussitôt l’avènement du nouveau roi de Madagascar connu à Maurice, le gouverneur s’empressa d’envoyer le colonel Middleton porter des félicitations. La société des missionnaires de Londres, enflammée par l’espoir de reprendre l’œuvre interrompue, mit sa confiance dans les talens de celui qui avait déjà visité la capitale des Ovas ; en toute hâte elle envoya M. Ellis. Sur le drapeau flottant au sommet du fort de Tamatave, on lisait écrit en lettres rouges : « Radama II ; » la nouvelle parvenue en Angleterre se trouvait ainsi confirmée[1]. Le pasteur méthodiste était à Tananarive longtemps avant l’arrivée de M. Dupré : pour le plus grand profit de sa nation, il s’appliquait en conscience à nuire aux Français, principalement aux prêtres catholiques ; — tous nos compatriotes n’ont pas gardé bon souvenir de M. Ellis.

Nous ne parlerons pas des fêtes et de la cérémonie du couronnement, des discours, des banquets, des illuminations de la ville et des campagnes de Tananarive ; les détails en sont rapportés dans plusieurs ouvrages, et on a pu les lire dans les gazettes. Le jeune souverain conclut des traités de commerce et d’amitié avec la France et l’Angleterre ; il accueillit les étrangers, proclama la liberté des cultes, abolit la peine de mort et l’épreuve par le poison. On s’attendait à un règne long, paisible, fécond, et Ra’lama mourait assassiné dès le mois de mai 1863[2]. La veuve du souverain, élevée au trône sous le nom de Rasolierina, morte en 1867, a pour successeur sa cousine, c’est Ranavalona II. Les derniers événemens de Madagascar présentent un médiocre intérêt ; aujourd’hui les missionnaires protestans et catholiques bâtissent des églises et des chapelles et se disputent l’instruction des Malgaches. Dans les années qui viennent de s’écouler, diverses études scientifiques sur Madagascar ont été faites : nous allons en faire connaître le mérite ; le moment est venu d’exposer les particularités de la nature dans la grande île africaine.


EMILE BLANCHARD.

  1. Madagascar revisited, by rev. William Ellis. London 1867. Le même auteur a encore publié : Madagascar : its social and religious progress, London 1863, et the martyr church : a record of the introduction, persecutions and triumph of christianity in Madagascar. 1866 — Nous avons également sous les yeux d’autres ouvrages anglais relatas 1 la Grande-Terre : Vincent W. Ryan, Mauritius and Madagascar, 1864 ; — Lyons Mac Leod, Madagascar and its people, 1864, etc.
  2. Voyez Laborde. Révolution de Madagascar. — Revue maritime et coloniale, t. VIII, p. 774 ; 1863.