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lait et la rendent à certains momens phosphorescente. Or il suffit de diriger un courant dans un vase rempli d’une eau pareille pour qu’une trace de lumière se dessine sur le parcours du courant. L’électricité provoque la phosphorescence de tous les noctyluques qu’elle rencontre sur son passage entre les deux pôles.

Les courans interrompus ou d’induction rétrécissent les vaisseaux sanguins, et ralentissent la circulation dans presque tous les cas ; s’ils sont intenses, ils parviennent même à arrêter par une forte contraction des artérioles. Il n’en est pas de même avec les courans continus : généralement ils accélèrent la circulation en déterminant une dilatation des vaisseaux. C’est du moins ce qui a été constaté d’abord par MM. Robin et Hiffelsheim dans l’examen microscopique du flux sanguin électrisé. MM. Onimus et Legros ont établi ensuite que ces actions sont soumises à la loi suivante : le courant descendant dilate les vaisseaux, tandis que le courant ascendant les resserre. Une expérience saisissante démontre la vérité de cette loi. Sur un chien robuste, on enlève une portion du crâne, de façon à mettre le cerveau à découvert. On place alors le pôle positif d’une assez forte pile sur le cerveau mis à nu et le pôle négatif sur le cou. Les vaisseaux ténus et superficiels de l’encéphale se rétrécissent visiblement, et l’organe lui-même semble s’affaisser. En disposant les pôles dans un ordre inverse, on observe le contraire : les vaisseaux capillaires se gonflent, se distendent, et la substance cérébrale fait hernie à travers l’ouverture pratiquée dans la voûte crânienne. Cette expérience prouve qu’on peut à volonté, au moyen des courans, augmenter ou diminuer l’intensité de la circulation dans l’encéphale, comme d’ailleurs dans tout autre organe. M. Onimus a fait tout récemment une observation non moins intéressante. Beaucoup de personnes savent que le célèbre physiologiste Helmholtz a introduit en médecine l’usage d’un appareil simple et commode nommé ophthalmoscope au moyen duquel on voit très distinctement le fond de l’œil, c’est-à-dire le réseau que forment les fibres nerveuses et les vaisseaux délicats de la rétine. Or, en examinant ce réseau pendant qu’on électrisé la tête, on constate nettement que les petits conduits sanguins se gonflent et deviennent plus cramoisis.

Examinons maintenant l’effet du courant électrique sur les fonctions de la motricité et de la sensibilité. Aldini, neveu de Galvani, entreprit les premières recherches de ce genre sur l’homme. Convaincu que, pour étudier les effets de l’électricité sur les organes, il fallait saisir le cadavre humain dans un grand état de fraîcheur, il crut devoir, comme il le dit lui-même, se placer à côté d’un échafaud et sous la hache de la loi pour recevoir de la main du bourreau