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LE
SYNODE GENERAL
DU PROTESTANTISME FRANCAIS

Le temps n’est plus où les discussions religieuses les plus graves ne rencontraient que l’universelle indifférence. On nous eût bien étonnés, il y a quelques années, si on nous avait dit qu’un synode protestant tenu à Paris serait tout un événement. Nous aurions cru volontiers que l’opinion publique montrerait pour ces questions de théologie et de droit ecclésiastique ce parfait dédain que le proconsul Gallion témoignait aux Juifs d’Éphèse lorsqu’ils voulaient le faire décider entre eux et saint Paul. « S’il s’agissait, ô Juifs, leur disait-il, de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écouterais patiemment, autant qu’il serait raisonnable ; mais, s’il s’agit de disputes de mots et de noms et de votre loi, vous y pourvoirez vous-mêmes, car je ne veux pas en être juge. « Il en a été autrement, et il faut dire que le synode de Paris méritait l’attention sérieuse qu’il a provoquée ; on y peut voir à bon droit une manifestation très intéressante de la crise des esprits. Reconnaissons d’ailleurs que, si le protestantisme est une faible minorité en France, il occupe dans le monde une place considérable, et qu’il n’est pas permis de l’ignorer quand on veut connaître les forces vives de l’histoire contemporaine.

Notre époque affairée n’a certes pas les préoccupations religieuses du XVIIe siècle, où la cour et la ville dévoraient les petites lettres qui furent depuis les Provinciales, en s’attachant au fond des choses et en se passionnant pour des dissertations souvent subtiles sur la grâce efficace et le libre arbitre ; mais la société d’aujourd’hui est possédée d’une immense et large curiosité qui lui fait porter son investigation