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LE SOCIALISME
AU XVIe SIÈCLE.


DEUXIÈME PARTIE[1].

LA PROPAGANDE ANABAPTISTE APRÈS LA GUERRE DES PAYSANS.

Si l’anabaptisme n’avait eu d’autre foyer que la Thuringe, les défaites de Frankenhausen et de Mühlhausen auraient sans doute clos ses destinées : il eût disparu comme avaient jadis disparu la secte des albigeois, celle des taborites et tant d’autres, qui s’attirèrent par leurs excès les rigueurs d’une répression souvent plus condamnable dans ses moyens que les erreurs et les désordres qu’elle arrêta ; mais on a vu qu’aux portes de l’Allemagne s’était formée une communauté religieuse dont les principes se rapprochaient beaucoup des idées de Storch et de Münzer. D’autre part, le radicalisme théologique, qui avait prêté un si puissant appui à l’insurrection des paysans, était loin d’être abattu. Il comptait encore de nombreux apôtres et avait trouvé plus d’un asile où il gardait sa liberté et échappait à la discipline que l’école de Wittenberg prétendait lui imposer. En beaucoup de provinces, le retour à l’ordre était plus apparent que réel ; si l’agitation et la révolte n’éclataient plus dans les villes et les campagnes, elles persistaient dans bien des esprits. Les anabaptistes zurichois s’étaient fait une doctrine où se reproduisaient toutes les tendances qui venaient

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.