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la Compagnie de Madagascar se trouva autorisée, M. le baron Paul de Richemont en devint le gouverneur ; la charte accordée à M. Lambert fut transmise à la compagnie. Sans perdre de temps, la nouvelle société réunit un personnel assez nombreux, ingénieurs, médecins, agriculteurs, agens commerciaux, qu’elle chargea d’aller faire une étude des ressources des côtes du nord de l’île et de l’intérieur du pays ; M. Dupré, chef de la mission, fut investi de tous les pouvoirs du gouverneur et du conseil. Comme la saison avançait, on se hâta de partir. En arrivant à Maurice le 30 juin, le commandant apprit l’assassinat du roi, et dès le lendemain on l’informait à Bourbon que des lettres de M. Laborde, notre consul à Tananarive, annonçaient de la part des Ovas, qu’excitaient les pasteurs méthodistes, les plus mauvaises dispositions, et de la part du gouvernement la volonté d’annuler le traité. Lorsque M. Dupré se trouva le 1er août devant Tamatave, il reçut du cabinet de Tananarive l’invitation de monter à la capitale, afin de s’entendre sur les termes d’un nouveau traité. Cette ouverture n’ayant pas été accueillie, quelques semaines après, un ministre de la reine Rasoherina se présentait à bord du navire portant le pavillon du chef de l’expédition, et communiquait un contre-projet qui fut aussitôt repoussé avec énergie ; il n’était plus question ni d’aucune garantie, ni du droit de propriété pour les Français. L’annulation du traité de Radama II et le rétablissement des douanes furent l’occasion de bruyantes réjouissances à Tamatave. Le commandant Dupré, lié par les ordres du ministère, dut rester témoin impassible de l’insolence des Ovas. Tout était fini pour la compagnie de Madagascar ; des membres de la mission qui s’étaient flattés d’accomplir de grands et utiles travaux déploraient de se voir condamnés à l’inaction ; le chef voulut mettre à profit cette disposition et ne pas laisser absolument stériles des dépenses assez considérables[1]. il autorisa un ingénieur à faire une excursion dans le nord-est, et lui-même, accompagné de M. Edmond Guillemin et de quelques agens, alla visiter plusieurs points de la côte nord-ouest. Ainsi ont été acquis à la science certains renseignemens sur l’orographie et la géologie de Madagascar.

Comme le constate notre illustre géologue M. Élie de Beaumont, M. Edmond Guillemin a su décomposer les systèmes des montagnes de la Grande-Terre, et il a observé la direction des principaux soulèvemens. — Avec cet habile ingénieur des mines, nous prendrons une idée des reliefs du sol sur les côtes de la partie du nord[2]. À l’est, un cordon de sable provenant de l’action de la mer

  1. Après de longues et difficiles négociations, une indemnité pécuniaire a été payée par le gouvernement de Madagascar.
  2. Notice sur une exploration géologique à Madagascar pendant l’année 1853.