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moment sont loin d’offrir une mesure précise de la force des partis. Ainsi il vient d’y avoir des élections dans la Caroline du nord ; le gouverneur élu, M. Caldwell, est républicain, mais les démocrates ont la majorité dans la législature de l’état, et ils pourront envoyer un représentant de leur opinion au sénat de Washington ; de plus, sur huit membres du congrès, cinq des élus sont démocrates, de sorte que chacun peut s’attribuer la victoire. Il va y avoir des élections dans le Maine, dans la Virginie occidentale, dans l’état de New-York, dans la Pensylvanie. Toutes ces élections seront le prélude de la grande bataille et laisseront sans doute mieux entrevoir à qui restera la victoire définitive.

CH. DE MAZADE.

ESSAIS ET NOTICES.




DE LA MANIÈRE D’ÉCRIRE l’HISTOIRE EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE DEPUIS CINQUANTE ANS.

Origines de l’Allemagne et de l’empire germanique, par M. Jules Zeller ; 1 vol. in-8o. Paris, Didier.

Voici une nouvelle histoire d’Allemagne qui diffère de celles que nous avions jusqu’ici : elle n’est pas un panégyrique de l’Allemagne. Pendant les cinquante dernières années, il ne venait presque à l’esprit d’aucun Français qu’on pût parler de ce pays autrement qu’avec le ton de l’admiration. Cet engouement date de 1815. Notre école libérale, en haine de l’empire qui venait de tomber, s’éprit d’un goût très vif pour ceux qui s’étaient montrés les ennemis les plus acharnés de l’empire, c’est-à-dire pour l’Angleterre et pour l’Allemagne. À partir de ce moment, les études historiques en France furent dirigées tout entières vers la glorification de ces deux pays. On se figura une Angleterre qui avait toujours été sage, toujours libre, toujours prospère ; on se représenta une Allemagne toujours laborieuse, vertueuse, intelligente. Pour faire de tout cela autant d’axiomes historiques, on n’attendit pas d’avoir étudié les faits de l’histoire. Le besoin d’admirer ces deux peuples fut plus fort que l’amour du vrai et que l’esprit critique. On admira en dépit des documens, en dépit des chroniques et des écrits de chaque siècle, en dépit des faits les mieux constatés.

Que n’a-t-on pas dit depuis lors sur la race germanique ! Nos historiens n’avaient que mépris pour la population gauloise, que sympathie pour les Germains. La Gaule était la corruption et la lâcheté ; la Ger-