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LA
REINE DU REGIMENT

The Queen of the regiment, by Katharine King, 3 vol. Hurst and Blackett. London 1872[1].


I.

Gérald Anstruther était entré extrêmement jeune au service militaire. Il avait rejoint depuis quelques semaines à peine son régiment, le 16e dragons, qui était alors en garnison aux Indes, lorsqu’un de ses camarades, nommé Guy Levestone, perdit sa jeune femme.

Quinze jours après l’enterrement, Anstruther se présenta chez Levestone pour lui faire sa visite de condoléance. Levestone le reçut, comme il recevait tout le monde, d’un air distrait et indifférent; il lui adressa quelques paroles décousues, et reprit son occupation, qui consistait à réparer un jouet brisé. Debout devant lui, une petite fille aux longs cheveux bouclés suivait ses mouvemens avec des yeux brillans d’impatience. — Levestone, dit Anstruther, voulez-vous me permettre d’essayer?

Guy se confessa entièrement incapable de mener à bien cette difficile entreprise, et passa le joujou à Anstruther. Bientôt la voiture et son cheval furent remis, dûment réparés, aux mains de leur propriétaire ravie, qui, levant ses yeux noirs sur le jeune homme, lui dit avec un grand sérieux et beaucoup d’assurance :

  1. Le roman dont nous allons essayer de donner une idée aux lecteurs de la Revue vient d’obtenir un légitime succès en Angleterre. Au milieu de cette foule de productions que chaque mois voit éclore chez nos voisins et dont l’insignifiance est souvent le moindre défaut, The Queen of the regiment se recommande par la fraîcheur des sentimens et la sincérité de l’émotion.