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longe la côte septentrionale de la Mer-Noire, touche à Tiflis dans le Caucase et aboutit à la frontière persane. Là, elle se relie à une ligne établie sur les terres du shah et qui est exploitée par cet office d’un genre particulier que nous connaissons sous le nom « d’office indo-européen du gouvernement britannique; » ce n’est pas précisément le gouvernement lui-même, ce n’est pas non plus une compagnie purement privée, c’est quelque chose d’intermédiaire et d’hybride. En somme, l’Indo-European forme une cinquième jonction entre l’Angleterre et les Indes.

C’est ainsi que sont nées successivement les différentes compagnies qui doivent maintenant entrer en scène et qui viennent se placer en regard de l’association formée par les administrations d’état. L’énumération qui précède en a laissé de côté un grand nombre. Elle ne cite que les principales, dont les lignes représentent d’ailleurs un capital d’environ 500 millions de francs. Ce chiffre, quoique fort respectable, ne donne encore qu’une faible idée de tous les intérêts que ces entreprises mettent en jeu. Nous avions donc raison de dire qu’il y avait là une nouvelle puissance avec laquelle le syndicat européen devait compter. Quelques-unes de ces compagnies avaient adhéré à la convention de Vienne. Pour quelques autres, il y avait une sorte d’accession de fait plus ou moins définie. Celles à qui les gouvernemens avaient donné des concessions avaient dû être soumises aux dispositions conventionnelles; mais dans la plupart des cas cela n’avait été accompli qu’avec des réserves sur lesquelles planait une grande incertitude. Des conflits devaient nécessairement surgir entre ces offices et les états.


VIII.

Une difficulté de cette nature s’éleva pendant les années 1870 et 1871, et amena la réunion d’une commission spéciale à Berne. Quant à la cause du conflit, nous l’avons en quelque sorte vu naître lorsque tout à l’heure nous assistions à la formation successive des compagnies diverses. On se rappelle que la conférence de Vienne, après avoir proclamé l’égalité de taxe par les voies naturelles, avait tout de suite appliqué ce principe aux dépêches de l’Angleterre pour les Indes. L’équilibre laborieux qu’elle avait établi s’était trouvé de plus en plus compromis, à mesure que s’ouvraient des voies nouvelles. On avait à Vienne fixé à 61 fr. 50 le prix de la dépêche entre Londres et Kurrachée. La compagnie méditerranéenne et l’Indo-European se contentèrent d’abord de ce tarif; mais bientôt, le trouvant trop peu rémunérateur, elles voulurent élever leurs taxes. Saisi de