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présentant le Post-Office, auquel l’exploitation des lignes a été confiée; cette représentation restait distincte de celle de l’administration indienne, et il fut décidé que celle-ci aurait sa voix spéciale. La Grande-Bretagne disposa ainsi de deux voix dans la conférence; les Pays-Bas demandèrent également que les Indes néerlandaises eussent leur individualité distincte de celle de la métropole. On admit en principe cette division; on n’attribua cependant qu’une seule voix à la métropole et aux colonies : ce système de représentations multiples pour une même puissance conduisait à une pente dangereuse, et il était bon de couper court à cet abus. Le grand-duché de Luxembourg, qui avait eu un délégué spécial à Vienne, avait fait savoir cette fois qu’il ne se ferait pas représenter, mais il avait réservé pour son gouvernement le droit de ratifier les décisions de la conférence. Le shah de Perse avait encore, ainsi qu’il l’avait fait en 1868, confié ses intérêts à l’agent d’une autre puissance; il s’était fait représenter par le délégué de l’administration indienne. Le Japon enfin figurait à la conférence de Rome, mais sans voix délibérative; son envoyé demandait seulement à assister aux séances pour s’instruire et pour rapporter à Yeddo les résolutions télégraphiques de l’Europe. En somme, le nombre des voix attribuées aux différentes puissances fut de 20, comme il l’avait été à peu près dans les assemblées précédentes.

On sait ce que répondait Sieyès quand on l’interrogeait sur ce qu’il avait fait pendant la terreur. De même, si l’on nous demande ce qu’a fait la conférence de Rome, nous dirons que son principal mérite est d’avoir existé, c’est-à-dire d’avoir maintenu la tradition de ces assemblées périodiques dans lesquelles le syndicat télégraphique manifeste sa vie. Quant au travail effectif de la conférence, il se réduit à peu de chose, et nous n’aurons pas de peine à en parler brièvement. Signalons cependant tout de suite un des caractères brillans de la réunion. Les Italiens ont le génie de l’ornementation, et ils offrirent aux délégués quelques-unes de ces fêtes qu’ils savent si bien ordonner. Non-seulement ils leur ménagèrent des promenades à Naples et dans les environs, mais ils organisèrent pour eux une illumination variée du Forum, essayée pour la première fois, et qui offrait un spectacle vraiment féerique; des feux de Bengale éclairaient à la fois de nuances distinctes et charmantes le Colisée, l’arc de Constantin, celui de Titus, le temple de Vénus, la basilique de Constantin, la maison de Tibère, les colonnes de Castor et de Pollux, le temple d’Antonin et Faustine, celui de Saturne, l’arc de Septime-Sévère, toutes les ruines enfin qui font la gloire de Rome.

Aussi bien la conférence, en se bornant à un rôle effacé, se conformait peut-être à son insu à une sorte de nécessité de circon-