la politique conservatrice elle-même, en faussant toutes les situations, en créant une confusion véritable où la garantie la plus sérieuse est encore ce gouvernement qu’on veut renverser ?
Lorsque la droite s’est jetée dans cette guerre sans issue, elle a commis évidemment par impatience, par entraînement, une faute dont on peut suivre les conséquences heure par heure depuis un mois. Elle a commencé par l’humeur et la fronde, elle a glissé dans l’hostilité déclarée, elle a fini par une suite de manœuvres où elle s’égare elle-même. Elle n’a qu’une chance, c’est que, lorsqu’elle a fait une faute, la gauche arrive et commet une faute au m’oins aussi grave, qui peut rétablir l’équilibre. C’est là justement notre histoire aujourd’hui. La gauche a cru sans doute qu’elle s’était montrée assez modérée jusqu’ici, qu’elle s’était assez contenue, et la voilà ouvrant de son côté une campagne nouvelle d’agitation, publiant des manifestes au pays pour encourager un pétitionnement universel demandant la dissolution de l’assemblée. Si la gauche avait eu l’habileté la plus vulgaire, elle aurait au moins pris un peu de temps pour voir ce qu’allait faire la commission des trente, elle aurait attendu une circonstance, un prétexte ; mais les impatiens l’ont emporté, et il a fallu marcher. Dans les conditions actuelles, cette démarche est assurément une double faute. D’abord, par elle-même, cette dissolution de l’assemblée serait aujourd’hui un danger qu’on ne peut braver légèrement. De toute façon, ce serait une crise des plus sérieuses, une agitation peut-être funeste pour le travail, pour tous les intérêts, et dans tous les cas c’est une sorte de défi jeté à l’inconnu. Est-ce que nous en sommes là de pouvoir nous donner le luxe de jouer avec l’inconnu ? L’assemblée actuelle a été nommée pour signer la paix, pour assurer l’exécution des conditions de la paix. Son existence est donc liée à l’exécution complète et définitive de ces conditions. Tant que la libération du territoire n’est point un fait accompli, son œuvre n’est point achevée. Toute autre assemblée y suffirait, dira-t-on ; c’est possible. Qu’on suppose cependant que de cette crise d’agitation naissent des complications imprévues, qu’il y ait des retards, que l’occupation étrangère se prolonge au-delà de ce qu’elle peut durer selon les prévisions qu’il est permis de former aujourd’hui : est-ce qu’on ne voit pas la responsabilité qu’on assume en infligeant à nos malheureux compatriotes six mois, trois mois d’occupation étrangère de plus ? La gauche par le bien légèrement de ces dangers, qui ne sont pas les seuls, et de plus, dans sa tentative irréfléchie, elle commet une faute au point de vue parlementaire.
N’est-il point étrange que des hommes qui sont les représentans du pays, qui ont la tribune ouverte, qui peuvent déposer des propositions régulières, aillent adresser au « peuple » des manifestes comme pour faire appel à une pression extérieure et aux passions révolutionnaires, pour tout dire ? La droite a pris la gauche en flagrant délit de fausse