Germains. Cet auteur ne se trompe pas, mais on peut dire plus : ce ne sont pas seulement les tribus décrites par Tacite qui nous offrent des habitudes et des coutumes que nous retrouvons chez les Schkipétars ; tous les envahisseurs qui passèrent le Rhin au Ve siècle, qui descendirent en Gaule, en Italie, en Espagne, les Goths, les Lombards, les Francs, les Burgondes, ressemblaient par bien des points aux habitans actuels des montagnes de Scutari. Nous l’avons vu par des rapprochemens qui rendent cette vérité évidente. On a remarqué aussi qu’entre les Albanais et les Slaves de Turquie les comparaisons se présentaient sans cesse, bien que les races soient différentes, bien qu’entre des peuples qui ont des origines si diverses, d’après les habitudes de la science moderne, il soit peu naturel de chercher des rapports. Quiconque a voyagé dans la péninsule du Balkan a remarqué ces similitudes. Dans la Guégarie même, tous les cantons ne sont pas albanais ; ceux qui sont occupés par des Slaves, par exemple au nord de la Boiana, nous présentent les mœurs que nous trouvons chez les Mirdites, chez les démenti, chez les Castrati, tribus qui peuvent être considérées comme offrant le type le plus pur de la race des Schkipétars. Le grand canton des Vassœvitch, qui touche à l’Herzégovine, a de nombreuses traditions, une organisation relativement assez avancée : tels sont ces récits légendaires et ces usages que l’observateur n’y trouve rien qui ne soit conforme aux habitudes des Albanais ; ce district cependant parle le serbe, il est habité par des Slaves dont les caractères sont précis. On sait que l’usage des vendettas, des pacifications, est commun aux Slaves et aux Albanais ; les Albanais ont, comme leurs voisins, ces pobratim, ces frères d’adoption qui ont pour ancêtres Patrocle et Achille. Les lois qui règlent les successions, les mariages, sont le plus souvent les mêmes ; les costumes offrent de nombreuses ressemblances. De tous les peuples slaves de cette région, ceux qui habitent le Monténégro sont les mieux connus ; il n’est pas difficile de voir que, s’ils ont eu des destinées différentes des Albanais, la cause en est surtout à l’étendue de leur pays, qui compte aujourd’hui 196,000 habitans. Le plus grand district des montagnes de Scodra n’a pas 30,000 âmes. Le Monténégrin, qui suit la religion grecque, a toujours eu pour protecteur naturel la Russie, intéressée à soutenir dans l’empire ottoman un centre de révolte et de résistance. Il est entré en relations avec l’Europe : si peu qu’il en ait subi l’influence, il a trouvé dans ces rapports un principe de progrès ; mais ses mœurs, durant des siècles, ont été celles des Schkipétars. Il suffit de lire les deux constitutions écrites qu’il s’est données, celle de 4796 et celle de 1655, pour y reconnaître cette similitude de mœurs et de coutumes. Ces constitutions sont
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