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rigoureusement obligatoires, on appliquerait le principe du facultatif : d’abord aux exercices de style en latin, par exemple aux vers latins et aux discours latins, ensuite à la langue grecque. Les élèves forts et très distingués pourront en effet sans inconvénient, et en proportion de leurs forces, cumuler toutes ces études ; mais les élèves ordinaires en sont accablés.

En même temps que, par la distinction du facultatif et de l’obligatoire, on déchargerait la masse des élèves d’études qui les surpassent, il faudrait encore que tout le monde, historiens et géographes, savans et philosophes aussi bien que lettrés, se fît un devoir de conscience de ramener au strict nécessaire (sauf aux plus brillans de pousser plus loin) la matière de leurs études. Pour notre part, nous n’hésiterions pas à donner l’exemple et à préparer un plan de réduction et de simplification de la philosophie qui laisserait place aux explications latines (et même grecques, si le grec reste obligatoire) portant sur les grands philosophes et moralistes de l’antiquité[1]. De cette manière, la philosophie compterait encore pour une classe littéraire et déchargerait d’autant les classes antérieures. Le système Fortoul avait autrefois révolté tous les professeurs de philosophie, nous le premier, parce qu’il avait été institué dans l’intention d’abaisser et d’humilier la philosophie. Il avait été accompagné de la suppression de l’agrégation de philosophie, et par conséquent de toute vocation philosophique ; enfin on avait rempli les classes de philosophie de tous ceux qui étaient incapables d’en faire d’autres, et les proviseurs, renchérissant sur le tout, poussaient les professeurs à n’être autre chose que des préparateurs au baccalauréat. Aujourd’hui, il nous semble qu’une simplification de l’enseignement philosophique qui se rattacherait à un plan général de réduction et de simplification de l’enseignement serait certainement bien accueillie par les professeurs de philosophie, eux-mêmes trop chargés et qui ont à peine le temps de traiter toutes les matières de leurs cours. Ils seraient les premiers à supprimer, pour le renvoyer à l’enseignement supérieur, tout ce qui touche par exemple aux controverses de la métaphysique, se bornant à la psychologie expérimentale, à la logique pratique, à la morale sociale, à la théodicée populaire, et en général tournant l’enseignement philosophique aux applications pratiques, en logique et en morale.

Il ne nous appartient pas de décider quelles réductions pourraient être opérées en histoire : c’est l’œuvre des hommes compétens ;

  1. Pourquoi n’en ferait-on pas de même en histoire ? — Les classes d’histoire et de philosophie viendraient ainsi au secours des classes de lettres, en compensation de ce que celles-ci perdraient par les langues vivantes.