de Betz pour acquérir l’ensemble de sa collection, et si l’on songe que celui qui sacrifiait ainsi ses déboursés était un fermier-général, un homme accoutumé par état au respect superstitieux de l’argent, on ne peut qu’honorer davantage le désintéressement singulier dont il iitpreuve et la libéralité de son procédé.
Les 80 volumes in-folio cédés au roi par Lallemant de Betz ont été conservés tels qu’ils étaient à l’époque où ils vinrent prendre place suivies rayons de la Bibliothèque. Ils ne contiennent pas moins de 7,390 estampes distribuées en deux séries, l’une de « portraits des hommes illustres qui ont vécu depuis le paganisme jusques et y compris l’an 1660, » — l’autre de pièces géographiques ou topographiques sur « les quatre parties du monde, » depuis les « états du Turc de Perse » et ceux du « Turc d’Afrique » jusqu’aux « antiquités et singularités » des diverses villes de France et de la « généralité de Paris. »
La première de ces deux suites, on le voit, ne faisait qu’ajouter un supplément à la série du même genre que Clément avait léguée au cabinet vers le commencement du siècle ; mais la seconde lui apportait un ensemble de documens absolument nouveaux recueillis en vue d’études toutes différentes de celles qu’avait entendu favoriser Gaignières lui-même, et par conséquent d’autant plus précieux. Aujourd’hui, à côté des riches collections topographiques que possède le département des estampes, et dont nous aurons l’occasion de parler plus loin, à côté de ces 5 ou 600 volumes dans lesquels on n’a cessé, depuis plus de cinquante ans, d’introduire des dessins ou des gravures de tout âge et sur tous les pays, la collection Lallemant de Betz peut paraître un peu chétive dans quelques-unes de ses parties, tout à fait insuffisante dans certaines autres. A l’époque où elle fut formée, elle avait au moins ce mérite de présenter réunis, suivant un classement méthodique, tous les élémens d’information dont les publications antérieures permettaient de disposer, tous les renseignemens plus ou moins sûrs qu’avaient légués à la génération présente les savans ou les artistes appartenant aux deux siècles précédens. Les cartes géographiques de Nicolas Sanson et de ses descendans, la Cosmographie d’André Thevet ou, dans l’ordre de la topographie et de l’architecture, les suites de pièces publiées par Châtillon et par Ducerceau, par Mérian et par Israël Silvestre, quelques autres recueils encore édités en Allemagne, dans les Pays-Bas ou en Italie, — tels étaient, il est vrai, en tant que corps d’ouvrages, les seuls travaux à peu près que l’on pût utiliser ; mais en ajoutant aux estampes détachées de ces ouvrages celles qui, aux différentes époques, avaient paru isolément, en les rapprochant les unes des autres conformément à la nature des lieux ou au caractère des monumens représentés, le créateur de