du monde oriental (ici est pour nous la tête de ligne qui conduit à l’empire byzantin) ; 2° l’action des Hellènes métamorphosés sur Rome, maîtresse de l’univers, et la réaction, non moins importante, de Rome sur les Hellènes (à ce moment, le régime byzantin existe déjà, mais il n’a encore ni solidité ni fixité) ; 3° la révolution religieuse, due à la démocratie gréco-asiatique, qui sut s’imposer aux savants, aux patriciens, aux empereurs eux-mêmes, et qui donna de la consistance au byzantinisme naissant. Alors fut fondée Constantinople, la tête et le cœur du nouvel empire.
Sous cette dénomination « Orient, » nous comprenons non-seulement l’Asie-Mineure, la Syrie et l’Égypte, qui furent à des dates diverses incorporées à l’empire d’Alexandre et à celui des césars, mais encore la Chaldée, l’Arabie, la Perse et l’Inde, restées autonomes, il est vrai, mais moralement solidaires des précédentes. Sur ce vaste territoire vivaient trois races fort bien étudiées de nos jours, la race chamite, la race aryenne, la race sémitique. Leurs centres principaux étaient, dans l’ordre de notre énumération, l’Égypte, la Perse et la Chaldée. Il y avait là trois conceptions religieuses, intellectuelles et politiques différentes : la théocratie avec ses castes et ses mystères, l’aristocratie avec son dogme de la lutte du bon et du mauvais principe, la royauté militaire et sacerdotale avec ses pontifes astronomes et astrologues. N’oublions pas d’ailleurs que ces races, rapprochées en maint endroit les unes des autres, donnèrent naissance par leur mélange à beaucoup de variétés d’espèces et d’idées. Il suffit de citer à cet égard les Phéniciens, ces Sémites unis aux Chamites, voyageurs et commerçans comme les premiers, idolâtres comme les seconds. Au contraire les Juifs, Sémites purs, entourés de tous les côtés par des nations hybrides, parvinrent, au moyen d’un patriotisme vigilant et d’une guerre incessante, à se préserver de tout alliage et de tout contact. lisse constituèrent les gardiens jaloux du monothéisme.
De très bonne heure, des relations s’établirent par la Méditerranée entre l’Égypte et la Phénicie, déjà en pleine civilisation, et la Grèce, qui n’avait pas encore conscience d’elle-même. C’est par cette voie que vinrent les inventions les plus merveilleuses, l’écriture, l’architecture, la sculpture. L’Asie-Mineure, dont la partie à l’ouest du Taurus a toujours été une dépendance de la Grèce, communiquait, à travers une couche épaisse dépeuples à demi barbares, avec la Chaldée et la Perse. De là bien des phénomènes moraux et intellectuels dont l’analyse est très difficile. Quoi qu’il en soit, la Grèce, qui, réduite à ses seules forces, ne s’était pas élevée au-dessus de la poésie et du polythéisme, créa la philosophie, c’est-à-dire la science, dès qu’elle eut reçu les connaissances positives