apportées de l’Orient. De l’étude du monde, elle passa bien vite à celle de l’âme ; la physique la conduisit à la psychologie. Après les sept sages vint Pythagore, dont la pensée fut si audacieuse et si profonde.
Les guerres médiques, l’expédition des dix-mille, et surtout la conquête macédonienne, étendirent singulièrement l’action du monde oriental sur le monde hellénique. Il semble avéré qu’Alexandre voulut préparer une fusion des deux mondes. C’est ce qui explique la vive opposition que lui firent les philosophes, qu’il châtia d’une manière si cruelle. Ses héritiers, les Lagides et les Séleucides, généraux grecs transformés en pharaons et en grands rois, ne rencontrèrent plus de résistance et poursuivirent librement ses desseins. Les Grecs, attirés par l’appât du luxe et des plaisirs, émigrèrent en foule et vinrent encombrer les palais d’Antioche et d’Alexandrie. Les armées asiatiques avaient leurs mercenaires grecs ; les cours asiatiques eurent leurs sycophantes, leurs parasites, leurs poètes, leurs sophistes, leurs rhéteurs grecs. Les populations indigènes, Coptes, Syriens, etc., avaient été expulsées des rivages méditerranéens et reléguées dans leurs oasis ou dans leurs montagnes ; mais dans les grands centres il s’opéra une sorte de transaction entre le polythéisme et les mystères. Ces mystères eux-mêmes, la philosophie voulut en pénétrer le sens. L’on eut ainsi, aux divers degrés de la société et de l’intelligence helléniques, la magie, la théurgie, la théologie. A côté de la hiérarchie politique se développa la hiérarchie religieuse.
C’est en présence de ce monde étrange, mais plein d’idées, que Rome se trouva placée par le fait même de sa conquête. Elle subit le contact de la Grande-Grèce (343 avant Jésus-Christ), de la Grèce proprement dite (197), de l’Asie-Mineure (189), de la Syrie (63), de l’Égypte (30). Elle dut accepter les arts et les usages des vaincus. Les expéditions de Sylla, de Lucullus et de Pompée mirent fin à l’opposition très décidée et très patriotique, à coup sûr, des vieux Romains. César est déjà un Romain méconnaissable qui, après avoir étonné l’Occident, s’oublie en Orient. De retour à Rome, il fait craindre un régime tout oriental, emprunté à la Bithynie ou à l’Égypte. Il est assassiné. Antoine ose bien davantage : il abjure tout sentiment romain, et prétend ressusciter à son profit l’empire d’Alexandre en y rattachant Rome et l’Occident. Auguste se constitue très habilement le défenseur du sénat, du peuple, des pénates et des grands dieux. Tel il se montre à Actium, tel Virgile nous le dépeint dans son Enéide. Il préserve l’œuvre des siècles antérieurs, cette domination romaine si menacée par Antoine. Après un service si éminent, il pouvait prétendre à tout, sauf à la monarchie. La monarchie en