résolutions n’a pas encore terminé sa besogne, et on attend sa rentrée en se livrant à divers délassemens républicains et patriotiques : on se remet à discourir comme la veille, on écoute de la musique. Arrive la nouvelle des élections de l’Orégon, qui ont tourné en faveur de l’opinion républicaine : c’est du terrain gagné sur l’ennemi. Cette victoire inespérée est saluée par des acclamations. Puis on examine les pouvoirs des délégués ; sur le rapport du comité spécial, on tranche le différend qui s’élève entre les deux délégations rivales du territoire de Dakotah en décidant qu’elles siégeront toutes les deux, mais qu’elles n’auront pas droit à un double vote. Pour l’Utah, où la même difficulté se présente, on repousse la délégation mormonne, on admet au contraire celle des gentils, après quoi l’assemblée, étant constituée, nomme pour les quatre années qui vont suivre le comité national-exécutif, qui en est la représentation permanente, et qui se compose d’un membre par état. Divers délégués proposent ensuite des résolutions de leur cru, qui sont renvoyées à l’examen de la commission. Enfin la candidature du général Grant est proclamée en grande pompe. C’est le général Shelby Collom, de l’Illinois, qui a l’honneur de porter la parole. « Au nom du parti républicain de l’Illinois et des États-Unis, s’écrie-t-il, au nom de la liberté, de la loyauté, de la justice et de la loi, dans les intérêts de l’égalité, du bon gouvernement, de la paix et des droits égaux de tous, conservant avec une profonde gratitude le souvenir de ses hauts faits sur le champ de bataille et de ses beaux talens d’homme d’état comme magistrat suprême de cette grande nation, je nomme président des États-Unis, pour un second terme, Ulysse Grant ! » À ces paroles, le délire ne connaît plus de bornes. Toute l’assemblée était debout ; on agitait les mouchoirs, on jetait les chapeaux en l’air ; un portrait équestre du général Grant apparut sur la scène. On fit alors l’appel des voix ; le nom de Grant obtint l’unanimité de 752 voix. La cérémonie finit par des chants ; on psalmodia en chœur la chanson du « vieux John Brown » et « marching through Georgia. » La convention tout entière entonnait les refrains, tandis qu’un délégué de Montana faisait les soli. Il y eut un peu moins d’enthousiasme pour l’élection du vice-président. Entre plusieurs candidats possibles, les plus sérieux étaient le sénateur Wilson et le vice-président sortant, M. Schuyler-Colfax. M. Wilson était proposé au choix de la convention par son président ; M. Colfax, présenté par un délégué de l’Indiana, était vivement soutenu par les hommes de l’ouest. Après deux tours de scrutin, M. Wilson fut élu par 394 voix et demie contre 325 et demie données à M. Colfax. Aussitôt les partisans de ce dernier proposèrent, en son nom, de recommencer le vote, afin que tout le monde pût s’y associer, et que cett seconde élection fut unanime, comme la première.
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