Quant à la plate-forme de Philadelphie, elle ne différait guère de celle de Cincinnati, sinon sur la question du libre échange, ouïe programme de Cincinnati stipulait la neutralité du gouvernement. La convention de Philadelphie s’adonnait au contraire au système protectioniste, ce qui lui assurait l’appui très important des grands maîtres de forges de la Pensylvanie. Elle commençait par rappeler les services considérables rendus depuis onze ans par le parti républicain, la répression de la rébellion, l’émancipation des esclaves, l’égalité établie entre tous les citoyens, l’apaisement des désordres civils, la construction du chemin de fer du Pacifique, l’établissement d’une monnaie nationale, la répudiation de la dette repoussée avec mépris, le crédit national soutenu sous le poids des charges les plus extraordinaires, la réduction de la dette dans la proportion de 100 millions de dollars par an depuis le début de l’administration du général Grant, la réduction des taxes, les difficultés extérieures conjurées et l’honneur de la nation respecté dans le monde entier. Après avoir ainsi énuméré les mérites de l’administration de Grant, la convention déclarait : que le pays lui continuerait sa confiance, — que la liberté et l’égalité civile et politique devaient être maintenues par une législation ferme, sans distinction de race, de couleur, de croyance ni de condition, — que les amendemens à la constitution devaient être maintenus, — que tout système de népotisme et de récompense de partis était démoralisant et funeste, — qu’il ne fallait plus de concessions de terres à des corporations et monopoles, — qu’il fallait se servir des excédans de revenus à la fois pour réduire la dette et pour réduire les impôts indirects, sauf les droits sur les tabacs et les liqueurs, sauf aussi les droits de douane qui protégeaient l’industrie et le travail national, — qu’il fallait reprendre les paiemens en espèces, — que le président et le congrès faisaient leur devoir en proscrivant et en supprimant dans les états du sud les organisations insurrectionnelles et les sociétés secrètes, — que d’ailleurs le congrès ferait bien d’étendre le bénéfice des lois d’amnistie dans la mesure de la prudence, — qu’enfin il fallait respecter aussi soigneusement la constitution et les droits du gouvernement fédéral que ceux des citoyens et des états. Ajoutez à cela plusieurs résolutions consacrées d’avance et pour ainsi dire obligatoires dans tout programme électoral républicain ou démocratique, une résolution en faveur des nouveaux citoyens naturalisés, qu’il fallait protéger contre les réclamations de leurs anciens gouvernement une autre en faveur du travail, et recommandant l’étude de ses rapports avec le capital, une autre en faveur des anciens soldats de l’Union, pour qu’il leur fût donné des récompenses nationales, puis une dernière résolution, celle-là d’invention nouvelle, en faveur du droit des femmes et de leur
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