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nomenclatures ingénieuses, à des observations plus ou moins intéressantes, restera immobile, et n’atteindra qu’imparfaitement le grand but qu’elle doit toujours poursuivre, le soulagement et la guérison des malades. Sous ce rapport, on a beaucoup à faire encore ; mais le microscope, qui, entre les mains de Charles Robin, est devenu un instrument d’investigation d’une puissance illimitée, indiquera sans doute un jour à quelle partie lésée de notre organisme on doit attribuer telle ou telle forme de délire. On peut être certain que l’Académie des Sciences appuiera de son influence toute étude entreprise pour arriver à dégager ces nombreux desiderata ; j’en ai la preuve dans les encouragemens dont elle a honoré les travaux du docteur Luys sur le système nerveux cérébro-spinal.

Croirait-on que dans un pays comme le nôtre, où plus de 50,000 aliénés sont traités dans les asiles publics indépendamment de ceux que renferment les maisons de santé, de ceux qui ont été confiés à des congrégations religieuses, de ceux qui sont gardés à domicile, croirait-on qu’à l’École de médecine de Paris, à cette école qui, au temps de Richerand, de Broussais, de Roux, de Dupuytren, de Marjolin, d’Andral, a jeté des lumières dont le monde a été ébloui, il n’existe même pas un cours de pathologie mentale, et que cette science toute spéciale, si difficile et si complexe, est effleurée secondairement dans la chaire de pathologie générale ? Ici l’état peut et doit intervenir ; cet enseignement est à créer. On parle volontiers maintenant de dépenses utiles, je signale celle-là ; il n’en est guère de plus urgente. Il faut aussi consacrer un hôpital clinique au traitement des aliénés : Sainte-Anne est admirablement disposé pour cet objet ; rien ne vaut ces leçons faites et pour ainsi dire démontrées au lit des malades, leçons fécondes en instruction précise, et sans lesquelles on n’acquiert jamais que la vaine expérience des théories plus ou moins bien comprises. On doit croire à la bonne volonté du gouvernement, on ne peut douter de celle de l’assistance publique, car son existence même n’est qu’une expansion de bon vouloir ; avec leur concours et par leur accord, la science trouvera sans peine les moyens de pénétrer les secrets que la nature n’a pas encore révélés, et elle saura guérir le plus horrible des maux dont l’humanité est affligée, lorsqu’elle aura enfin appris à en connaître l’origine organique.


MAXIME DE CAMP.