un rocher ; — en ce pays, on ne prend jamais la peine de niveler le sol. Dans la cérémonie qui s’accomplit à l’occasion du mariage de la reine apparaît dans une réalité saisissante le peuple presque barbare qui a reçu l’atteinte de la civilisation européenne ; on sent la foule entre les haies des soldats habillés de blanc ; un peu d’illusion, et l’on se croirait sur la scène elle-même. Des portraits d’hommes et de femmes de toute condition, de face et de profil, nous mettent pour la première fois dans une sorte de relation intime avec les peuples de la grande île africaine. À peine renseignés à l’égard de la physionomie générale des Ovas et de quelques individus de la côte orientale par les photographies de M. Ellis et de M. Charnay, nous pouvons aujourd’hui avoir une idée vraiment nette des signes caractéristiques des Malgaches, — Ovas, Betsimisarakes, Antanosses, Mahafales, Sakalaves.
On considère les Ovas, les uns vêtus à l’Européenne ou portant le costume militaire, les autres élégamment drapés dans un lamba ; des yeux étroits et peu ouverts, des pommettes saillantes, des cheveux lisses et raides, dénotent bien une origine asiatique. On demeure frappé des différences de physionomie entre les plus hauts personnages : celui-ci porte la marque d’une certaine distinction, il est de race pure ; celui-là semble vulgaire, il est sorti des plus humbles rangs, et le sang qui coule dans ses veines n’est pas sans mélange. Les femmes, reine, princesses ou autres, n’enchantent point par la beauté ; celle qui gouvernait la maison du révérend William Ellis n’a pas été oubliée. Viennent les Betsimisarakes, habitans de la côte orientale ; hommes et femmes avec une grosse face plate, un nez prodigieusement épaté, de grosses lèvres et une immense chevelure crépue, sont affreux, mais ils n’ont pas en général de mauvaises figures ; l’explorateur de Madagascar les regarde comme des nègres océaniens, et il a plus d’une bonne raison pour défendre cette opinion. Les Antanosses ne sont guère mieux partagés que les Betsimisarakes sous le rapport des avantages physiques, peut-être ont-ils la même origine. Les Sakalaves, surtout les nobles, se distinguent au premier coup d’œil des autres Malgaches ; ils présentent une certaine harmonie dans les lignes du visage ; M. Grandidier est porté à croire qu’ils sont venus des rivages du Malabar. Des femmes de cette race, des princesses il est vrai, sont loin d’être sans charmes : pourvues d’une abondante chevelure, elles la partagent en une quantité énorme de petites tresses, et, courbant ces tresses en arrière vers le point central de la tête, elles donnent à l’ensemble l’apparence d’un soleil ; pareille coiffure, qui exige plusieurs jours de travail, serait sans doute fort admirée dans nos salons. Une de ces nobles dames sakalaves a le maintien de la