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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/840

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personne qui ne doute pas de sa beauté ; une jeune fille a l’air modeste et gracieux d’une enfant qui espère être trouvée jolie. Après l’examen de cette collection de photographies, on garde des sympathies et des antipathies comme si les personnages eux-mêmes avaient apparu.

Le voyageur a beaucoup observé les Arabes, dont nous avons déjà indiqué l’influence manifeste sur la population malgache tout entière ; il a suivi cette influence dans chaque région, il est allé chez les Matitanes recueillir des documens, et il a rapporté des extraits des livres écrits en caractères arabes religieusement conservés dans cette tribu ; on y trouvera sans doute des faits historiques fort curieux. M. Grandidier s’est efforcé d’arriver à une estimation aussi approximative que possible de la population actuelle de Madagascar ; pour une si vaste terre, elle est faible, au plus 4 millions d’âmes, 1 million dans la province d’Imerina, 600,000 dans la province des Betsiléos, près de 2 millions sur la bande orientale ; ensuite il ne faut pas compter plus de 500,000 pour les Sakalaves, Bares, Antandrouïs et Mahafales. Aujourd’hui les Ovas sont les maîtres de la moitié de l’île ; des chefs encore indépendans gouvernent les parties du territoire que les premiers n’ont pas envahies, particulièrement au sud et à l’ouest, ou celles qu’ils ont perdues. L’avenir du pays appartient au gouvernement de Tananarive.

De précieux matériaux sont rassemblés ; dans peu d’années, nous aurons une véritable histoire générale de la grande île africaine. M. Grandidier a présenté des notices sur son voyage à la Société de géographie et à l’Académie des Sciences ; dans divers recueils, et le plus souvent de concert avec M. Alphonse Milne Edwards, il a publié les descriptions des animaux les plus remarquables qu’il a découverts. Ses collections sont déposées au Muséum d’histoire naturelle ; bientôt elles seront une propriété nationale. Maintenant le voyageur prépare le vaste ouvrage qui fera connaître Madagascar d’une façon toute nouvelle. L’œuvre est immense, même avec le concours de quelques hommes spéciaux : douze ou quinze volumes et cinq cents planches suffiront à peine ; mais la persévérance, les soins, le talent, les sacrifices nécessaires ne manqueront pas à l’exécution, L’œuvre achevée, chacun dira que l’explorateur de la Grande-Terre a bien mérité de la science et du pays.

Émile Blanchard.