espèces, et il vit, en douze ou quinze jours en hiver, en quatre ou cinq jours en été, chaque tronçon se compléter, la tête engendrer un suçoir et une queue, celle-ci engendrer une tête et un suçoir, et le tronc du milieu tantôt conserver, tantôt perdre son suçoir pour le reformer, ainsi qu’une tête et une queue. Aussitôt après la division, la blessure se resserre, le pourtour s’arrondit en bourrelet, le centre montre cependant la pulpe à nu, et c’est sur ce centre qu’apparaissent les premiers linéamens des parties régénérées. Un individu partagé donne ainsi naissance à plusieurs autres, dont la taille, d’abord proportionnelle à la dimension du tronçon, ne tarde pas à égaler celle de l’individu primitif. Plus récemment, M. Vulpian a amputé la queue d’un têtard de grenouille encore contenu dans l’œuf, et l’a placée dans l’eau. Cet embryon de queue y a vécu, et s’y est développé en suivant toutes les phases de son existence embryonnaire. Arrivé à l’état de parfaite organisation, il a cessé de vivre. Il n’y a pas longtemps, M. Philippeaux a constaté une complète régénération de la rate chez des animaux auxquels on avait enlevé cet organe.
M. Charles Legros, qui a entrepris dans ces dernières années beaucoup d’expériences intéressantes sur les régénérations, a découvert que le temps joue un grand rôle dans ces phénomènes. La queue des lézards se reproduit rapidement quant à sa forme extérieure : en deux ou trois mois, l’organe amputé reparaît avec sa longueur et son volume habituels ; seulement l’intérieur ne ressemble pas à celui des queues normales, il renferme des nerfs, des muscles et des vaisseaux, mais point de vertèbres. Cette texture persiste pendant longtemps, et les naturalistes en avaient conclu que les os de la queue du lézard ne se régénèrent point. M. Legros a suivi les progrès du développement intérieur de cet organe pendant plusieurs années, et il y a observé, au bout de deux ans, l’apparition de vertèbres. Ce savant opérait sur des lézards verts. La queue régénérée restait grise pendant très longtemps, et ne prenait la couleur du reste du corps qu’au commencement de la troisième année. Une autre fois, M. Legros coupa au début de l’hiver la queue d’un loir. La plaie forma une sorte de bourrelet qui s’allongea, se couvrit de poils, et atteignit à peu près la longueur de la queue ancienne, qu’il dépassait en grosseur. Malheureusement l’hibernation de l’animal est incomplète, il se réveillait souvent, et mourut au bout de trois mois. La régénération des parties intérieures de l’organe n’avait pu se faire complètement.
A ces observations récentes, il faut joindre celles qu’a faites tout dernièrement M. Chantran sur l’écrevisse. Cet habile et patient observateur, auquel l’Académie des Sciences a décerné il y a quelques