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formes sociales, et un reste d’embarras de la machine législative en avait seul retardé pour peu de temps encore l’entier accomplissement. Le progrès économique devait naturellement suivre, surtout dans un pays comme la Suède, riche d’abondantes matières premières, mines et bois, dont l’exploitation ne pourra que gagner aux progrès généraux du commerce et de l’industrie. La Suède n’a pas beaucoup d’or ; en revanche, les mines d’argent et celles de cuivre, après avoir été jadis très florissantes, recommencent à donner, grâce à de nouvelles méthodes, des résultats toujours croissans. Le plomb et le soufre ne manquent pas, le zinc est exploité avec succès ; mais c’est le fer, comme on sait, que la nature a prodigué avec une merveilleuse abondance à la Suède. C’est à peine si une seule province du nord ou du centre en est privée. À ces précieuses matières premières, il faut probablement ajouter dès maintenant la houille, si du moins les espérances conçues cette année même se confirment. Au commencement de 1872, on a découvert dans la Suède méridionale, sur les bords du Sund, un peu au sud d’Helsingborg, jusqu’à douze filons de charbon de terre dont l’un aurait jusqu’à dix pieds d’épaisseur, un autre huit. Or le professeur Erdman, dans un rapport sur les mines de charbon déjà exploitées en Suède antérieurement, à Höganäs, au nord d’Helsingborg, assure que, des cinq filons qui se trouvent dans ce dernier bassin, le plus épais n’a que six pieds d’épaisseur, et que cependant, de 1797 à 1865, on a extrait de ces mines 9,402,430 tonnes ou 56,414,580 pieds cubes de charbon de terre. On exploite depuis longtemps et avec grand avantage en Westphalie des filons qui n’ont qu’un pied d’épaisseur. Cela peut aider à calculer quelle source de richesse la Suède aurait acquise, s’il se vérifiait qu’elle possédât des filons de houille de trois, six, huit et dix pieds d’épaisseur. Ces gisemens, à 500 pieds de profondeur, paraissent avoir une superficie de 4 milles suédois, c’est-à-dire plus de 42 kilomètres, sur un mille et demi, le long du rivage qui fait face à la pointe extrême de l’île danoise de Seeland. En prompte communication avec la Mer du Nord et la Baltique, ils seront des plus faciles à exporter.

D’autre part, au nord de la Suède, les grands établissemens métallurgiques et l’exploitation des forêts ont recueilli une grande part des avantages qu’a valus à ce pays le traité de commerce avec la France. Les résultats de la liberté commerciale ont été que l’exportation générale de la Suède en France a augmenté de 80 pour 100 (9,405,000 rixdales en 1864, 16,912,000 en 1868), et l’importation directe de France en Suède de 79 pour 100 (2,261,000 rixdales en 1864, 4,039,000 en 1868). Plusieurs maisons suédoises ont particulièrement fait des fortunes considérables par la seule