Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hohehstaufen, sur le même rang que les comtes d’Urach et de Fribourg, ancêtres des Furstenberg, que les comtes d’Achalm, de Nellembourg, de Beutelsbach et de Montfort, ses voisins, qui débutaient comme eux dans la notoriété avec des destins divers, moins avancés que les comtes de Calw et d’Egisheim, qui avaient déjà donné des papes au saint-siège à l’époque où la grande féodalité allemande envahit les dignités de l’église partout et à Rome même. Le duché de Franconie et le duché de Souabe, lequel comprenait le bassin du Rhin jusqu’à Wissembourg, étaient alors les pays les plus riches et les plus civilisés de la Teutschland. Là se manifestaient, à vrai dire, la force et le prestige de l’empire au XIIe et au XIIIe siècle. L’avènement à la couronne des maisons de Franconie et de Souabe y avait développé, avec un lustre tout nouveau, des germes de culture et de fortune laissés par les Romains, et protégés par l’église. Les forêts s’y étendaient plus loin qu’aujourd’hui peut-être, mais étaient régulièrement exploitées par les moines, les évêques et les seigneurs. La chevalerie de Souabe, favorisée par les Hohenstaufen, formait notamment une force militaire hardie et dévouée, dont disposait la maison régnante, et dont profitait la noblesse comtale pour s’élever à la fortune et vendre ses services. C’est en Souabe que les compétiteurs au pouvoir se disputaient la partie. Lorsque le duché de Souabe était vacant, toutes les grandes ambitions y aspiraient : après Rhodolphe de Rhinfeld les Zaeringen, en concurrence avec ces derniers les Hohenstaufen, et avec les Staufen cette dynastie fabuleuse des Welfs de Saxe et de Bavière, qui a donné Henri le Noir, Henri le Superbe, Henri le Lion, et que Frédéric Barberousse réduisit enfin à l’obéissance. Les Zollern étaient feudataires du duc de Souabe, et à partir du XIIe siècle on les trouve en possession d’une influence locale. Entre les Zaeringen et les Staufen, concurrens déjà rivaux à la cour de Franconie, on voit les Zollern suivre en vassaux le parti des Staufen ; mais après l’élévation de ces derniers au trône, lorsque éclata l’antagonisme des Welfs et des Waiblingen dans l’Allemagne du sud, lorsque Henri le Lion, représentant de la vieille et princière noblesse d’Allemagne, impatient du joug de la race comtale qui parvenait par l’épée et une sorte de démocratie féodale à la domination de l’empire, vint susciter des mécontens en Souabe même, dans le pays de ses aïeux maternels, on trouve les Zollern hésitant et attendant le succès pour se prononcer. Ils suivent alors Frédéric Barberousse à la croisade et organisent une force assez imposante pour tenir tête au dernier des Zaeringen[1]. Ils recherchaient les abbayes opulentes pour

  1. En 1175. Voyez les textes indiqués dans Stälin, II, p. 205-296.