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augmenter leur fortune, et ils avaient peu de scrupule à l’égard des moyens de succès, d’après ce que rapporte l’Annalisia saxo au sujet du meurtre d’un abbé d’Hirschau, qu’ils essayèrent vainement de faire oublier par un étalage de munificence[1]. Leur importance s’accroît sensiblement à la fin du XIIe siècle ; ils exploitent la faveur et les bons offices auprès de l’empereur Henri VI en secondant ses desseins pour établir l’hérédité dans sa famille.

Ce fut alors que les Zollern se poussèrent en dehors de la Souabe et franchirent le premier degré de leur élévation. Il y avait dans la Franconie moyenne, non loin du Danube, mais sur les versans du haut Mayn, vers les confins du Noricum ancien, dans le Nord-gau du moyen âge, une ville déjà célèbre, établie sur l’emplacement d’une station romaine (castrum noricum), dont le nom se trouve reproduit par celui de Nürnberg ou Nuremberg des modernes. Cette ville, beaucoup plus populeuse aux XIIe et XIIIe siècles qu’elle ne l’est aujourd’hui, était le centre d’une grande industrie et d’un commerce considérable. Riche et active, elle fut affectionnée de certains empereurs, comme Henri IV et Conrad III, et en général des Staufen, qui jadis avaient possédé le duché de Franconie, et qui, devenus empereurs, résidèrent quelquefois à Nuremberg ; ils reconstruisirent sur le rocher qui la domine un burg ou château dont on voit encore les murailles, et auquel ils attachèrent des droits fiscaux et de police sur l’intérieur de la cité, laquelle jouissait d’ailleurs de libertés municipales remontant à une époque très reculée[2]. L’importance de la ville, soit à raison des diètes de l’empire, dont elle était le siège fréquent, soit à raison des produits domaniaux qui revenaient au souverain, et de la position militaire, qui offrait de grandes sûretés, soit à raison de l’esprit agité de la population elle-même, avait décidé les derniers empereurs franconiens à préposer à la garde du château un castellan ou burg-graf (comes burgi) subordonné au comte palatin. L’administration des domaines impériaux situés dans le Nordgau fut également confiée au burgrave, qui changea son administration (comicia) en inféodation à l’époque de l’extinction des duchés de Franconie et de Souabe. De là le burgraviat de Nuremberg, divisé plus tard en haut et bas, ou margraviat de Bareith et margraviat d’Anspach. Les premières traces du burgraviat remontent à l’empereur Henri V[3], qui eut à se plaindre de la ville et la châtia durement. Les burgraves révocables tenaient leur charge de la grâce des empereurs, qui cependant en investirent, de père en fils, pendant cent ans, les

  1. Voyez les textes indiqués dans Stälin, t. II, p. 509, sur l’an 1135 et 1145.
  2. Voyez Knipschild, De civit. impérial., 1740, liv. III, p. 212 et suiv.
  3. Stälin, t. II, p. 505 et 528.