Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA PHILOSOPHIE DE LA RÉVOLUTION


Séparateur


I.

LES THÉORICIENS DE L’IDÉE RÉVOLUTIONNAIRE


Séparateur


Le procès de la révolution française est toujours à recommencer. À chaque phase nouvelle de cette histoire, nouveaux points de vue, nouvelles théories. Que de fois n’a-t-elle pas changé, cette philosophie de l’histoire révolutionnaire ! Que de fois une logique victorieuse n’a-t-elle pas démontré comme également nécessaires les conséquences les plus contradictoires ! Une telle diversité d’opinions n’a rien d’extraordinaire ; elle n’est que la conséquence naturelle de la complication des choses. Des principes illimités, des vicissitudes prodigieuses, un enchevêtrement de faits que nul n’eût pu prévoir, et que personne n’a pu dominer : tels sont les élémens qu’offre à la méditation du penseur ce spectacle tragique et toujours nouveau. Comment s’étonner que chacun le contemple au point de vue de ses opinions, de ses affections, et que, réfracté à travers tant de prismes ? il apparaisse sous les aspects les plus différens ? Compliquée en elle-même et dans son histoire, la révolution l’est encore à titre d’événement européen. Notre situation continentale ne lui a pas permis de se développer librement comme celles d’Amérique ou d’Angleterre ; elle s’est bien vite mêlée aux intérêts des autres peuples ; de là encore un principe de dissentiment. Enfin les progrès de la science et de la critique historiques, par des comparaisons plus