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une surveillance assidue sur les lieux mêmes, de vérifier chaque fait avant de le certifier, et de rédiger avec précaution les pièces qui sont destinées aux contrôles supérieurs.

Le mécanisme à l’aide duquel l’administration assure la sincérité des entrées qui correspondent à une dépense en deniers constitue une des innovations les plus importantes de la comptabilité de la guerre ; on l’appelle la corrélation entre le compte des matières et le compte financier. Voici en quoi il consiste : on sait comment s’exécutent et se paient les approvisionnemens de l’état. Sur l’ordre des chefs de service, les fournisseurs livrent dans les magasins les matières achetées, dont les garde-magasins prennent charge ; ils se présentent ensuite devant le trésorier-payeur-général avec un mandat de l’ordonnateur et les pièces qui constatent la livraison, et touchent le prix de leur fourniture. Il y a donc un rapport étroit entre l’entrée de la matière dans l’arsenal et la sortie de l’argent de la caisse du trésorier-payeur. C’est, à vrai dire, la même opération ; c’est toujours l’actif de l’état, qui ne se consomme pas, mais qui change de forme. Il n’y a ni dépense ni recette, il y a balance : ce qui manque dans la caisse doit se retrouver dans le magasin. Il fallait parvenir à rendre sensible à tous les yeux cet équilibre. On s’est occupé d’abord d’en préparer la démonstration dans les pièces élémentaires. On a imaginé des factures à talon dont les deux parties reproduisent les mêmes énonciations : la facture est apportée au payeur et sert au paiement de la fourniture, qu’elle justifie dans le compte-deniers ; le talon est adressé au garde-magasin et devient la justification de l’entrée dans le compte-matières. Il est évident que la double opération constatée au moyen de cette pièce commune doit présenter un accord parfait. Après avoir assuré la concordance dans les détails, on la garantit dans l’ensemble. On n’ignore pas que tous les ans chaque ministre dresse un compte général de toutes les dépenses qu’il a faites et qui ont été payées avec les deniers publics, et qu’il établit un compte semblable pour toutes les matières entrées ou sorties dans les établissemens qui dépendent de son ministère. Les divisions de ces deux comptes sont analogues et peuvent se prêter à un rapprochement. Sous le même chapitre, on trouve dans le compte en deniers le montant des sommes dépensées, dans le compte-matières la valeur réelle du matériel entré. Il suffit donc de mettre en regard les énonciations correspondantes